Jean-Paul Lepercq

Jean-Paul LEPERCQ est né le 31 janvier 1930, à Marseille, dans une famille nombreuse, de plus de dix enfants. Il reçoit de ses parents une éducation marquée par une foi profonde. Il entre à Provence en classe de septième. Dès cet âge-là, avec les autres élèves, invités par la surveillante à prier pour que des jeunes désirent être prêtres, il se dit : « Je veux bien être prêtre un jour ! ». Très soutenu par la formation chrétienne reçue au collège, ce désir ne le quittera plus. Une scolarité parfois difficile ne le trouble pas : il veut devenir prêtre et prêtre-ouvrier. Après le baccalauréat, le service militaire, puis travail dans le bâtiment – expérience assez dure, mais très enrichissante – il entre le 6 octobre 1952 au noviciat jésuite à Yzeure.

Très vite, il exprime aux supérieurs son désir d’être prêtre-ouvrier. Il suit la formation habituelle des jésuites : juvénat à Laval, puis deux années de philosophie à Vals, trois années de régence en collège à Dole et à Saint-Étienne et, enfin, quatre années de théologie à Lyon. Après son ordination sacerdotale – le 5 septembre 1964 –, Jean-Paul peut travailler en usine, tout en vivant dans des communautés très enracinées dans le monde populaire. Il a ainsi des contacts étroits avec des jeunes ouvriers. Il a vécu et travaillé, d’abord à Paris, puis dans le Nord-Est, à Hayange, Florange et Thionville jusqu’en 1983.

À cette date, Jean-Paul est amené à changer d’orientation et le voilà aumônier du lycée professionnel de la Providence, à Amiens, puis plus tard à Saint-Étienne. Jean-Paul a laissé là de profonds souvenirs, en voici un : « J’étais prof de mathématiques à La Providence et Jean-Paul a été mon assistant ! Il m’avait demandé l’autorisation d’assister aux cours des premières années de CAP afin de mieux aider les élèves qui venaient ensuite « étudier » leurs cours dans son bureau. Il est vite devenu un assistant extraordinaire, détectant rapidement ceux qui décrochaient et les enveloppant de son sourire. Avec son aide, personne n’était laissé de côté. Le bureau de Jean-Paul était un lieu, certes bruyant, où profs et élèves venaient s’asseoir pour discuter et, surtout, trouver du réconfort. Jean-Paul avait toujours le sourire et beaucoup d’idées pour mettre en œuvre des activités pour les élèves. Un sourire particulier nous alertait sur le fait qu’il allait nous proposer quelque chose de saugrenu ! Nous ne pouvions pas refuser de monter dans sa barque…, mais quand la barque quittait le rivage, les imprévus nous obligeaient à ramer et Jean-Paul souriait ! J’ai passé avec lui des moments inoubliables. » (Nadine)

Pendant ces douze années picardes comme, ensuite, dans ses sept années stéphanoises, il a été cela, un homme qui voulait la rencontre personnelle avec chacun : jeunes, adultes, parents, enfants, qu’ils soient bons élèves ou jeunes en mal d’insertion du quartier de Montreynaud. Il se mettait à la portée de chacun, posait des questions, cherchait à aider l’autre à se révéler, n’imposait rien, ne portait pas de jugement… Il en a touché plus d’un par sa foi vivante, sa simplicité, sa volonté de rencontrer l’autre, quelles que soient son histoire, ses croyances, ses origines. Il était ouvert et accueillant, cherchant à comprendre les enjeux de leur vie, par de petites discussions qui déplacent, qui amènent à se questionner, à revoir le lien de chacun avec son Créateur ou avec la vie. Jean-Paul aimait voir dans les yeux des jeunes cette recherche ; cela le rendait heureux : son sourire illuminait son visage, ses émotions débordaient, parfois, et sa joie était palpable.

Enfin, l’âge aidant, il a continué à être ainsi à la Chauderaie pendant presque huit années, attentif à chacun, qu’il ou elle soit directeur, résident, aide-soignante, ambulancier, s’occupant de l’informatique des résidents, avec son sourire rayonnant et ses emportements passionnés. En décembre, son état général s’est détérioré peu à peu jusqu’à ce jour de Noël où il a rejoint le Christ qu’il a toujours voulu servir en servant aussi les hommes.

Michel ROGER sj