P. Léon de SAINT MOULIN sj (24.10.2019)

Gérard de Saint Moulin sj

Né à Naast (Soignies) le 17 décembre 1932, Léon de SAINT MOULIN est entré dans la Compagnie au noviciat d’Arlon le 14 septembre 1950. Après la première partie de sa formation jésuite en Belgique (philologie à Wépion, philosophie à Eegenhoven et histoire à Leuven), il est envoyé, dès 1959, au Congo (alors belge) comme professeur au collège de Léopoldville ; il assiste ainsi à l’indépendance du pays.

Après un an à Kikwit Sacré-Cœur, il revient en Belgique pour sa formation théologique ; il est ordonné prêtre le 6 août 1964. Il entreprend un doctorat en histoire à Liège. Pour sa thèse, il choisit l’analyse de l’évolution des conditions de vie en milieu urbain belge : il y voit la grâce de sa vie, désormais sensibilisé aux phénomènes sociaux. Il fait son Troisième An en Grande Bretagne avant de rejoindre définitivement le Congo en 1967.

Léon est complètement donné au pays et à l’Église qui l’accueille. Il s’inscrit dans la vision développée par le Cardinal Malula en faveur de l’inculturation africaine de la pastorale et de la liturgie catholiques. Musicien, grand amateur de Jean-Sébastien Bach, il s’est passionné avec grand plaisir pour la polyphonie africaine et le renouvellement de la musique liturgique dans le rite africain.

C’est, toutefois, surtout dans le domaine social et politique qu’il participe aux évolutions de ce grand pays (Congo, Zaïre, RDC). Dès 1967, comme chercheur sous le patronage du FNRS belge, il prend part à une étude sociodémographique de la capitale avant de participer à la réalisation, en 1969, de la mise à jour du plan de la ville, conduite par l’Institut géographique du Congo. Son travail au Centre d’Études pour l’Action Sociale (CEPAS) se poursuivra tout au long de sa vie. Il débute sa carrière académique à la Facultés des lettres de Lovanium. En 1971, c’est la nationalisation des universités, fusionnées en une seule « Université Nationale du Zaïre ». Professeurs et étudiants des Facultés de Lettres s’installent à Lubumbashi. Il enseigne l’histoire durant huit ans, dont quatre comme Doyen de la Faculté des lettres. Il collabore à la fondation de la Paroisse universitaire. Avec les étudiants, il est soucieux de poser des fondements solides de connaissances et de convictions, gage de succès pour la vie.

En 1979, sa nomination de Vice-recteur de l’UNAZA le ramène au campus de Kinshasa pour deux ans. En 1982, après un temps sabbatique, il commence son enseignement d’analyse sociale à l’Institut jésuite Saint-Canisius de Kimwenza et au Séminaire Jean XXIII. Pendant dix-huit années, il collabore avec la Faculté de Théologie Catholique de Kinshasa.

Dans la continuité de ses travaux historiques et géographiques, il développe un engagement fort pour la défense des valeurs démocratiques et le renforcement de la cohésion nationale. Il a fait partie des « prêtres résistants et courageux » qui animèrent, en 1992, la marche de protestation des chrétiens contre le régime du dictateur Mobutu. Avec le recul, en fin connaisseur de la situation congolaise, il est profondément convaincu des progrès accomplis par le Congo depuis l’indépendance dans plusieurs domaines, pourtant critiques, comme l’enseignement et la santé.

Il est l’auteur de nombreuses publications – articles, livres, cartes. Il a ainsi publié en 2005 un « Atlas de l’organisation administrative de la RDC » : ces cartes ont servi de référence à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) lors des dernières élections. Certains considèrent Léon comme une « bibliothèque de l’histoire du Congo », selon des commentaires partagés sur les réseaux sociaux lorsqu’on apprit son décès, le 24 octobre 2019, à Kinshasa. Léon avait effectivement décidé de demeurer au Congo jusqu’à la fin, lorsqu’il avait appris qu’il souffrait d’une tumeur au cerveau.

Gérard TRIAILLE sj

Article publié le 8 septembre 2020

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