P. Louis DELATOUR (27.10.2019)

Louis Delatour Né à Châteaubriant, Louis DELATOUR est le cinquième d’une fratrie de neuf enfants, dont sept filles. La famille est investie dans une usine de fabrication de charrues fondée par la génération précédente, qui fournissait du travail à beaucoup de gens de Châteaubriant ; Louis était fier de ce que son père et son oncle, tous deux anciens élèves de Centrale, avaient assumé et réalisé à la tête de cette usine.

Il y avait aussi, le temps des études secondaires au collège jésuite Sainte-Croix du Mans dans le contexte difficile de la guerre : « On a souffert de la faim », répétait-il en évoquant cette époque… Heureusement, il y avait les vacances en famille qui réunissaient frères et sœurs dispersés pour leurs études dans la maison familiale, la Vannerie. L’été, migration à Penthièvre (dans la presqu’ile de Quiberon).

Louis aurait pu être tenté par la carrière d’ingénieur et son rôle social ou par une carrière dans la marine … Mais, un autre « modèle » s’est présenté : Gérard DELATOUR, oncle de Louis et jésuite, mort très jeune en poste au Liban ; ou Marie, sa sœur aînée, quittant la maison pour entrer au couvent en 1947… Louis entre au noviciat jésuite en 1949.

Dans la Compagnie, comme beaucoup de jeunes de sa génération, Louis a été appelé en Algérie. Cette expérience très éprouvante l’a beaucoup marqué et il en parlait souvent à la fin de sa vie.

En tant qu’étudiant jésuite il s’est beaucoup investi dans ses études ; il aurait pu devenir formateur des « nôtres » ; il s’est engagé dans cette voie une année comme accompagnateur du premier cycle ; mais il a bifurqué dans la pastorale avec une prédilection pour ce type de ministère : équipe d’animation à l’église Saint-Ignace à Paris, aumônerie d’étudiants à Poitiers et à Angers, puis à Paris à l’Agro et à l’ENA. Louis n’était pas sans penser que la grande crise ecclésiale après Vatican II et le chambardement social qui suivit mai 68 avaient pour cause principale un manque de réflexion, de formation et d’explications. Il a même écrit plusieurs ouvrages pour y remédier et souffrait du peu de retentissement que ceux-ci avaient dans notre communauté (où avec les inconvénients du grand âge la lecture devient un exercice difficile)…

Louis a consacré plusieurs années de sa vie au service du Centre Spirituel du Hautmont (1998-2007), il en parlait peu ; il faut dire que si Louis ne reniait pas ses racines bretonnes, il s’était bien inculturé au milieu parisien auquel il était très attaché. Il a vécu sa venue à Lille, non pas comme un temps de retrouvailles, mais comme un arrachement douloureux, heureusement adouci par les visites régulières de ses sœurs et de quelques amis fidèles.

Quant à nous, s’il nous a été donné de découvrir un homme, certes éprouvé dans sa santé et ses capacités intellectuelles, nous avons aussi appris à connaître un compagnon toujours aimable, ne refusant jamais une main tendue et une parole amicale, jamais replié sur lui-même, participant volontiers à toutes les activités communautaires et religieuses de la Maison, dans la mesure où son état de santé le lui permettait.

Spirituellement, je crois qu’on peut dire qu’il a vécu son passage chez nous comme une traversée du désert, avec ses temps de révolte, mais aussi sa foi en Dieu qui le menait, l’obligeait même à marcher, à avancer vers une Terre Promise qu’il espérait de tout son cœur. Et nous avons vécu son départ comme une arrivée là où il était attendu.

Thierry GEISLER sj

Article publié le 8 septembre 2020

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