Louis Perret Cet homme si discret sur lui-même, né en avril 1933 à Paris, au sein d’une famille nombreuse, de parents témoignant toute leur vie d’une foi profonde, laissons-lui la parole : « Je n’aime pas trop parler de moi, vous le savez. Mais aujourd’hui (pour ses 50 ans de sacerdoce) pas moyen d’y échapper ! Voici donc quelques éléments : Avignon 1943 ou 44, … camp de louveteaux ; l’aumônier nous parle de François d’Assise et demande : ‘Y en a-t-il qui veut devenir prêtre ?’ et je réponds tranquillement : ‘Oui, moi, je veux bien !’ Depuis j’ai perdu cette belle spontanéité, mais je n’ai pas changé de route ! »

À 18 ans, Louis entre au noviciat à Yzeure. Puis il vit le juvénat à Laval, des études d’histoire, la théologie à Lyon et il est ordonné prêtre en 1964. C’est un moment très fort pour lui, au milieu d’une vingtaine d’autres jeunes de plusieurs nationalités …

Après la fin des études et du Troisième An, le Provincial l’envoie au Collège d’Alger. Il reçoit cette nomination dans la paix : le voilà au seuil d’une période de trente années en Algérie et de six années au Maroc ; il sera supérieur du territoire pendant six ans, de 1981 à 1987.

Ces années au Maghreb sont des années à la fois cachées, profanes – enseignement, Centre culturel universitaire, directeur d’inter-collèges – et de responsabilités – visites des communautés en Algérie et au Maroc : « Peu de service sacerdotal et pourtant l’expérience forte d’une Église minuscule, sans pouvoir, où chacun essaie d’être au service de son entourage. ».

Disponible et homme de ténacité silencieuse, il n’est jamais demandeur pour lui-même. Ses compagnons de communauté l’appellent avec humour « le chameau du désert », tant il se contente de peu, en nourriture comme matériellement. Seul semble compter pour lui le service à rendre, gratuitement.

Lui-même, écrit au sujet de ces années : « Je remercie le Seigneur de m’avoir fait rencontrer quelques vrais croyants, des gens simples, qui ne cherchent pas à me convertir et qui, sans le savoir, me faisaient découvrir un Dieu plus grand, sans frontières, respectueux du cheminement de chacun. »

Ce long temps de service des uns et des autres au Maghreb s’achève en 2005 par un retour en France : à Marseille, où il est nommé supérieur de communauté, puis à Toulouse, en 2009, comme accompagnateur et confesseur. Il laisse le souvenir d’une écoute attentive et cordiale, de conseils prudents, de bonté, de discrétion. Réconfortant dans ses conseils, il insiste sur le partage et la solidarité en communauté.

Un grave accident, suivi de l’apparition et de l’évolution assez rapide de la maladie de Parkinson vont provoquer sa venue à la Chauderaie en 2016 ; il y poursuit sa route, de plus en plus uni à son Seigneur et toujours attentif à chacun, rendant service quand il le peut, selon ses forces qui iront en s’amenuisant jusqu’au moment où il a pu offrir définitivement sa vie à Dieu et lui confier celles et ceux qu’il aimait, ceux d’Algérie, du Maroc, de France et sa famille.

Michel ROGER sj