Louis Toison Né à Ascq, aîné d’une fratrie de huit enfants, scolarisé à Saint-Joseph de Lille, Louis Toison entre au noviciat de La Croix-sur-Ourcq en 1949 et suit une formation classique : juvénat à Yzeure ; philosophie à Vals ; régence à Saint-Joseph de Reims ; théologie à Chantilly et Lyon ; ordination presbytérale en 1963 ; Troisième An à Saint-Martin-d’Ablois.

En 1965, Louis est envoyé à Saint-Clément de Metz, d’abord surveillant des quatrièmes et troisièmes, puis préfet du premier cycle. Citons ici un extrait du témoignage d’un ancien élève, gaucher contrarié à qui Louis redonne confiance : « Chaque vendredi après-midi, nous subissons une remise de notes commentée par le P. Toison. On attend notre tour en serrant les fesses… même ceux qu’il va féliciter. Notre ami fustige volontiers le manque d’ardeur au travail. Rien d’étonnant : c’est un bos suetus aratro [un bœuf accoutumé à la charrue], tel Bossuet. » L’homme de Collèges, accessible et attentif à tous, est envoyé en 1969 à La Providence d’Amiens, et retrouve, en 1979, Saint-Jo de Reims, comme aumônier.

Durant cette période, Louis s’investit au hameau ardéchois abandonné de Pied Barret, où, avec les fondateurs, il formule trois vœux pour ce lieu et les personnes qui y feront halte : se construire humainement par l’amitié, le partage et le service ; se construire spirituellement par la réflexion, la prière et les célébrations ; reconstruire le hameau par le travail manuel. Tant que sa santé le lui permet, il est l’un des piliers de Pied Barret, y suivant tous les chantiers.

En 1992, Louis quitte les Collèges pour servir, avec la fougue, la détermination et les talents de bricoleur et d’entrepreneur qu’on lui connaît, comme ministre, à la communauté de Vanves, puis à celle de Paris-Monsieur. Cela ne l’empêche pas de garder des ministères auprès des jeunes, à Pied
Barret, mais aussi d’animer des retraites et récollections dans différents Collèges d’Ile-de-France.

Un premier AVC, en 2011, rend Louis hémiplégique et le reconduit à la communauté de Vanves, en 2012, dans l’EHPAD Maison Soins et Repos qui vient tout juste d’ouvrir ses portes. Louis se bat, récupérant une certaine mobilité, ne se laissant pas abattre, doté d’un moral d’acier, rendant divers
services matériels, lisant Péguy ou Saint-Exupéry, se passionnant toujours d’orgue et de musique, grâce à un logiciel de partitions. Il ne se plaint jamais, sachant que cela n’arrange rien et fait perdre le moral aux autres.

Un deuxième AVC l’atteint en 2016, dont il relate les conséquences avec gravité, arrivant encore à écrire patiemment avec un doigt sur son ordinateur : « La suite de l’hémiplégie a été dure : pas d’orgue, etc. L’AVC à droite a été le clou ! Deux mains H.S. et la patte de droite aussi ! Petite voiture, difficile à admettre ! La mort menace. »

D’autres AVC mènent peu à peu Louis vers cette pauvreté suprême qu’est la mort, à laquelle il se prépare, attendant que le Seigneur l’appelle. Il perd peu à peu et quasi complètement parole et mobilité, criant parfois sa souffrance, appelant son Seigneur, serrant la main de ceux qui se font
proches, ouvrant grand ses beaux yeux sombres, jusqu’à ce qu’une infection pulmonaire l’emporte, apaisé, le 21 février 2022, auprès de son Maître et Compagnon.

P. Jacques Gebel sj,
Vanves