P. Maurice RIEUTORD sj (07.04.2019)
Le Père Maurice RIEUTORD est né le 12 août 1932 à Paris, second et dernier fils de Georges et Hélène RIEUTORD. Après des études primaires et secondaires en Tunisie où son père a été envoyé comme fonctionnaire, et des cours par correspondance avec l’École Universelle, et après le service militaire, il s’oriente en 1956 vers la prêtrise. Il se forme en philosophie et théologie dans les grands séminaires de Lyon, Issy-les-Moulineaux et Aix-en-Provence et, le 29 juin 1962, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Fréjus-Toulon. Il est nommé vicaire en paroisse à Saint-Louis de Hyères, puis à la paroisse Saint-Georges de Toulon.
En 1966, à l’âge de 34 ans, il entre au noviciat jésuite de La Baume, près d’Aix-en-Provence. Suivent une régence de deux ans à Saint-Étienne – où Maurice est père spirituel au Collège Saint-Michel – puis un deuxième cycle de théologie à l’Université Pontificale Grégorienne de Rome.
De 1971 à 1987, Maurice déploie ses talents dans le monde de l’enseignement et de la pédagogie. Pendant une dizaine d’années, il est père spirituel, puis directeur adjoint au Collège Sainte-Hélène de Lyon, qui deviendra le Centre Saint-Marc. Il assume aussi les fonctions de directeur adjoint de l’Enseignement Catholique du diocèse de Lyon. À cette époque, il se lie au réseau pédagogique inspiré du jésuite Pierre Faure (méthode Montessori) ; en 1971, il participe à la fondation de l’Association Internationale de Recherche et d’Animation Pédagogique (AIRAP) et devient vice-président du Centre de Formation Pédagogique « Pierre Faure ».
Ses qualités de relation et d’animation, de recherche et d’organisation et son intérêt pour les questions internationales conduisent ses supérieurs à le nommer au Centre Culturel jésuite « Les Fontaines » de Chantilly. C’est là qu’il prononce ses derniers vœux, le 20 juin 1983, après avoir accompli le Troisième An en 1980. À Chantilly, il est d’abord Secrétaire général du Centre culturel (1980-88), puis Directeur des Relations extérieures (1989-97). Pendant la première période, il continue à enseigner au Centre de Formation Pédagogique de l’Enseignement Spécialisé (CFPES) de l’Institut Catholique de Paris (1982-87).
Maurice vit de la conviction que l’humanité est appelée à l’unité autour du Christ. Il a tenté d’œuvrer en ce sens avec beaucoup de personnes croyantes ou non, toutes de bonne volonté. Sa passion pour l’Europe y donne toute sa mesure. Il fut un ardent défenseur de la construction européenne, du projet de paix pour ce continent déchiré par les guerres. Il a porté de ses vœux les travaux du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne. Il exerce des responsabilités à l’Office Catholique d’Information et d’Initiative pour l’Europe (OCIPE) et est cofondateur de l’Institut Robert Schuman pour l’Europe (IRSE). Il a aussi ardemment souhaité et œuvré pour que des continents si différents que l’Afrique et l’Europe puissent se rapprocher, s’aimer et collaborer.
À la fermeture du Centre Culturel et de la communauté de Chantilly, Maurice continue, depuis les communautés d’Avignon puis de Montpellier, à jouer un rôle très actif dans divers organismes internationaux, dont l’Institut Robert Schuman, au service d’une Europe ouverte au monde (1998-2004). À partir de 2004, il poursuit son œuvre depuis la communauté Saint-François Xavier de Paris-Grenelle. Il organise des congrès, des colloques et multiplie les contacts avec diverses personnalités et associations. Qui n’a été touché par la déférence avec laquelle il accueillait les gens ?
À l’automne 2015, à la suite de chutes et de handicaps divers, il quitte la communauté de Paris-Grenelle et rejoint l’EHPAD de Vanves, dans la communauté Pedro Arrupe, où il se prépare avec sérénité à partir définitivement, pour la rencontre décisive avec le Père éternel, « le grand Patron », comme il le disait ! Pour lui, le passage de la mort n’était qu’un changement de vie.
Yves MOREL sj
Article publié le 24 octobre 2019