P. Michel DORTEL-CLAUDOT sj (01.05.2018)

Originaire d’une famille modeste d’Alsace-Lorraine, Michel DORTEL-CLAUDOT souligne chez les siens l’attachement à la religion et le côté patriotique. Il est né à Nancy le 23 octobre 1927. Second de la famille, après une sœur et avant un frère, il perd sa mère alors qu’il n’a que cinq ans, épreuve douloureuse qui l’a beaucoup marqué.

Son père se remarie trois ans plus tard ; sa belle-mère l’inscrit dans l’enseignement public. L’atmosphère est difficile et très conflictuelle ; Michel devient un très mauvais élève, selon ce qu’il confesse lui-même. Placé dans un centre d’apprentissage de menuiserie, il sera aussi mauvais apprenti ! Sa belle-mère, enseignante, reprend la situation en main : il « saute » deux années, travaille beaucoup et il termine à Paris un parcours scolaire normal. A ce moment, Michel se voit devenir officier. Il envisage de préparer Saint-Cyr. Il fait alors « math-élèm » au lycée Saint-Louis. Pendant ces années, il est fortement engagé dans des activités apostoliques auprès des jeunes du mouvement des « Cœurs Vaillants ». A la fin de « math-élèm » il annonce qu’il veut être prêtre. Sur les conseils du curé et de ses parents, il sent qu’il vaut mieux attendre et préparer une licence d’histoire et de géographique. A ce moment, il songe à être prêtre de paroisse en milieu populaire ; mais il est aussi attiré par la vie religieuse, envisageant les Fils de la Charité. C’est chez les bouquinistes des bords de Seine qu’il découvre saint Ignace. Envoyé en retraite à Clamart par un jésuite de Grenelle, c’est le « coup de foudre ». En octobre 1949, Michel entre au noviciat de la Province de Champagne.

Après un noviciat heureux, il effectue son service militaire. Puis c’est la formation jésuite classique. Après la philosophie à Vals, sans grand enthousiasme, il accomplit deux années de régence comme « préfet » de « deuxième division » au Collège d’Amiens. Vient la théologie à Chantilly. En mars 1959, le Provincial lui fait dire : « Nous avons besoin d’un professeur de droit canonique ; j’ai pensé à vous ! » Michel n’a aucune raison de refuser. Au Troisième An, le Père DELCHARD lui conseille de se spécialiser dans le droit de la vie religieuse. Beaucoup de bouleversements sont à prévoir pour mettre en œuvre les décisions du Concile. En octobre 1961, il part à Rome pour préparer le doctorat de droit canonique.

En 1963 il rejoint Fourvière, en même temps que quatre autres nouveaux professeurs. C’est le début d’un long service d’enseignant. Il y aura aussi Sèvres et les Facultés Catholiques de Lyon, et pendant trente ans, il sera professeur invité à la Grégorienne. Nombreux sont ses étudiants qui ont profité de l’humour qui habitait ses cours.

Parallèlement à cet enseignement, il a dû fournir un travail énorme au service de congrégations religieuses pour les aider à réviser leurs constitutions. Il participe à une multitude de chapitres. Il est également sollicité pour aider des Communautés Nouvelles. Sur les conseils du Père LUCIEN-BRUN et avec son soutien, il prend contact avec les canonistes de Lyon et du Sud-Est de la France. Ils forment alors une bonne équipe, véritable groupe de réflexion qui est à l’origine de l’officialité régionale de Lyon.

Nommé par Paul VI, Michel est aussi pendant vingt ans consulteur de la Congrégation des Religieux. Cela lui donne un droit d’entrée au Vatican : il s’y sent à la maison. Ayant écrit beaucoup d’articles, mais peu de livres importants, il a reçu le titre de docteur honoris causa de l’Université Catholique de Toulouse, au titre du droit canonique. Mais bien en-deçà de ces titres, sa disponibilité, sa discrétion, sa compétence fraternelle ont trouvé leur source en son humilité ! Un grand serviteur de l’Eglise et un fils de la Compagnie.

François REY sj (Francheville-La Chauderaie)

Article publié le 25 septembre 2018

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