Paul LAMMERANT Paul Lammerant est né en 1927, au Congo, que sa famille ne quittera qu’en 1938. C’est déjà là que pointera, incidemment, sa vocation religieuse, à la vue d’un missionnaire qui chargeait sa camionnette pour rejoindre au loin son nouveau poste. Elle se précisera en Belgique, au cœur des épreuves de l’occupation nazie, jusqu’à l’entrée au noviciat jésuite en 1944.

Il retourne au Congo dès 1951. D’abord pour enseigner (Kinzambi, Kiniati, etc.), puis comme itinérant à la mission de Djuma, alternant activités pastorales en brousse et travaux de modernisation de bâtiments scolaires. En 1969, Paul est supérieur de la Procure des missions à Kikwit, mais sa rectitude en matière financière déplaît aux autorités ecclésiastiques locales… Il lui faut rentrer définitivement en Belgique en 1974. « Le grand tournant de ma vie », dira-t-il.

Comptant sur son grand sens pratique, (et, disons-le, son âme de chef), la Compagnie lui confie des missions très concrètes à Eegenhoven (restauration puis vente de la maison, déménagement de la grande bibliothèque), à Louvain (ouverture de la résidence), à Charleroi (autre implantation de la communauté), etc.

Mais la vie apostolique de Paul va bientôt, et définitivement, être marquée par une expérience décisive : la découverte, en 1975, du Renouveau charismatique. Inspiré et soutenu par de grandes figures de cette mouvance, comme le P. TARDIF, Paul va dès lors multiplier retraites, récollections et accompagnements : à Medjugorje, dans toute la Belgique, en France. Entre 1998 et 2014, il est d’ailleurs membre de la communauté de Paray-le- Monial, anticipant ainsi la fondation de la future Province EOF.

Paul aura été durant 40 ans un conférencier infatigable, un guide spirituel passionné d’annoncer le Christ. En 2017, expérience spirituelle très forte : il se sent intérieurement appelé par son Seigneur à cesser d’animer des retraites. Paul rejoint les jésuites de Charleroi. Lorsque cette communauté doit être fermée, il est nommé à La Colombière de Bruxelles, où il prend le temps de classer méthodiquement ses archives. Le dossier qu’il élaborait avec le plus de soin porte le titre : « Chemin de pardon ». Avec toute l’énergie que nous lui connaissions lorsqu’il s’agissait de parler du Seigneur, Paul raconte comment, en famille, avec ses supérieurs, dans sa communauté, dans ses missions, il avait été souvent profondément, patiemment invité par le Christ à vivre ce retour à la vie qu’est le pardon – pardon reçu, pardon donné.

À cet homme fort attaché à son autonomie, les infirmités du grand âge ont imposé des renoncements progressifs, notamment, la perte progressive de la mobilité. Mais Paul Lammerant avait senti venir le temps de rendre peu à peu le souffle qui l’avait si généreusement guidé sur la route.

P. Philippe Robert sj, communauté de La Colombière à Bruxelles