Philippe Grégoire Philippe est né en 1932 à Havré (près de Mons), cadet de trois enfants. Il fait ses humanités au collège de Mons. Déjà, un rêve le travaillait : habiter une maison en bordure de forêt et s’occuper de chevaux.

Mais l’appel du Seigneur se fait également entendre : Philippe renonce, pour le moment, aux chevaux, et entre au noviciat en 1951. Juvénat à Wépion, philosophie à Eegenhoven, service militaire colonial à Louvain. Sa régence le fait passer d’un collège à l’autre (Bruxelles, Charleroi, Godinne) et confirme qu’il n’est pas vraiment fait pour la discipline et la rigueur des établissements scolaires jésuites de l’époque.

Comme il le dira lui-même : il s’épanouira davantage dans des structures plus souples… Ordonné prêtre en 1964, il fait son troisième an en 1965. Il rejoint ensuite le P. de ROBIANO, à Liège, pour la promotion des Ligues du Sacré-Cœur. Mais, très vite, il se lance comme professeur de religion à l’athénée de Hannut (1969-1989). Il sera en même temps curé de la paroisse d’Abolens, à laquelle s’ajouteront plus tard celles de Trognée et Cras-Avernas.

Commence, en 1989, et pour 20 ans, la mémorable aventure de « la Farnibole ». Des jeunes, garçons et filles, partaient quinze jours sur les routes, en charrettes à chevaux. Ils organisaient des spectacles ponctués de chants et de danses folkloriques dans les villages et y demeuraient trois à quatre jours. En fin de séjour, on proposait la messe avant la soirée, et tout se terminait (très tard) par un fabuleux barbecue.

En 1990, Philippe est envoyé à Mons, puis à Charleroi (2002) et, en 2008, à Haine-Saint-Paul. Il est proche de ses frères jésuites, bien sûr, mais reste obstinément attaché à sa roulotte arrimée à Ciply. Elle lui tient lieu de chambre, de bureau, d’oratoire. Ceux qui lui rendent visite parlent de son ermitage. Partout, que ce soit comme animateur pastoral en collège (Mons), comme prêtre en paroisse (aux Trois-Vallées), en aumônerie psychiatrique ou avec les gens du voyage (2002-2015), il nourrit toujours un cœur plein de projets et de rêves, projets et rêves qu’il partage avec enthousiasme, sinon réalisme… Son audace est sans limite pour l’annonce de la Bonne Nouvelle.

En 2015, on le nomme à la maison Saint-Ignace, puis à La Colombière. La roulotte doit être démantelée… L’âge est là, mais Philippe tire le meilleur de son corps usé, improvisant des promenades dans le quartier, d’une démarche incertaine mais résolue, ou dans la maison, à des heures insolites, au grand dam des veilleuses de nuit.

Jusqu’au bout, au milieu de ses frères, le sourire plus que jamais illuminé par ses souvenirs d’aventurier de Dieu, il aura généreusement savouré l’existence.

Bon vivant appelé par son Seigneur à la Vie véritable.

P. Philippe Robert sj, communauté de La Colombière à Bruxelles