Thierry Linard de Guertechin Originaire de Bruxelles où il est né en 1944, Thierry Linard est entré dans la Compagnie de Jésus à l’âge de 18 ans. Juste après son ordination sacerdotale en 1975, il est parti au Brésil où il a vécu jusqu’à sa mort, en janvier 2022.

Thierry a choisi de vivre dans une favela, auprès des plus pauvres, tout en étant un conseiller apprécié de la conférence des évêques du Brésil, comme
géographe et démographe. Il est parvenu à unifier en lui deux appels : l’appel à se faire proche des pauvres, et celui de mettre ses capacités intellectuelles au service de l’Église. Très à l’aise avec les personnes de la favela, il parvenait à rejoindre leurs préoccupations quotidiennes et était stimulé par leur courage et leur foi. Cette simplicité, il la vivait aussi avec ses proches, les membres de sa famille, ses amis.

Il était préoccupé par les questions de justice sociale et par les inégalités criantes et croissantes, tant à l’intérieur du Brésil ‒ son pays d’adoption ‒ que sur l’ensemble de notre planète. Il a utilisé les ressources de son intelligence pour éclairer ces questions. Il parvenait à dialoguer avec ceux qui, dans l’Église, ont en mains les leviers de commande. Il exerçait ainsi une forme de pouvoir, combien précieux, non en prenant lui-même les décisions, mais en fournissant aux décideurs les éléments nécessaires pour opérer un sain discernement.

Thierry a été enseveli dans la terre rouge du Brésil, honoré par des monceaux de fleurs qui en disent long sur la gratitude des personnes qui ont bénéficié de ses services. Il était engagé en de multiples lieux : à l’Université Catholique de Rio de Janeiro (la PUC) comme professeur de statistiques ; dans la paroisse de la favela de la Rocinha ; à l’Institut brésilien du développement (IBRADES) ; à Brasilia, comme directeur et, plus récemment, coordinateur du projet « Dialogues en Construction » de l’Observatoire national de la Justice Socio-Environnementale Luciano Mendes de Almeida (OLMA) ; dans les équipes de la communauté Vie Chrétienne (CVX) dont il fut l’accompagnateur ; à Rianapolis au sein de l’équipe d’animation pastorale ; à Brasilia pour préparer et aider les moins favorisés à leur entrée à l’Université.

Avec l’aide de sa famille et de ses amis, Thierry a pu contribuer pendant de longues années au fonctionnement de l’hôpital Saint-Pie X à Cérès et d’un centre d’accueil pour les plus jeunes dans la favela de la Rocinha (ASPA). Il était membre de la Commission Justice et Paix de Brasilia. Il s’est
aussi battu en faveur de l’immense plaine d’Amérique latine qu’est l’Amazonie, « miroir de l’humanité » selon l’expression du pape François.

Thierry a magnifiquement accompli ce vœu peu connu du grand public : annoncer l’Évangile aussi aux gens peu cultivés.

P. Michel Bacq sj,
Louvain-la-Neuve