Podcast – « Je veux et je choisis la pauvreté avec le Christ pauvre »
Le 20 mai 2021, une année ignatienne s’est ouverte à l’occasion du 500e anniversaire de la blessure d’Ignace de Loyola à la bataille de Pampelune. Afin de mieux « Voir toutes choses nouvelles en Christ », nous vous proposons chaque mois un extrait des Exercices spirituels, accompagné d’un témoignage, qui vous permettra de suivre le chemin proposé par Ignace pour nous montrer la voie vers Dieu et nous ouvrir à un engagement dans le monde.
En ce mois d’octobre, découvrons un passage des Exercices spirituels qui nous invite à choisir pauvreté, sobriété et humilité, à la manière du Christ, contre les tentations mondaines : richesse, gloriole, orgueil.
La boussole des Exercices Spirituels
« Afin d’imiter le Christ notre Seigneur et de Lui ressembler effectivement davantage, je veux et je choisi la pauvreté avec le Christ pauvre plutôt que la richesse, les humiliations avec le Christ humilié plutôt que les honneurs (…) et je préfère être regardé comme un sot et un fou pour le Christ, qui le premier a passé pour tel, plutôt que comme un sage et un prudent en ce monde.»
Exercices spirituels n°167
Pauvreté, sobriété et humilité… le choix des manières d’agir du Christ – le témoignage du P. Antoine Paumard sj
Pouvez-vous lire cet extrait des Exercices spirituels ? Cet extrait correspond au troisième degré d’humilité, par lequel Ignace nous invite à un renouvellement du cœur et à un décentrement vers le Christ. Quelle est votre première impression en lisant ce texte ? Pouvez-vous expliciter les termes forts de cet extrait ?
« En lisant ce texte, on pourrait presque être pris d’un fou rire en se disant : ‘Wahou, le niveau est assez élevé !’ Finalement on pourrait presque se dire que c’est le Christ qui doit agir en moi pour que ça soit effectif. Il y a donc une tension entre : c’est bien moi le sujet ; et en même temps, la force de ce qui est énoncé nous invite à nous rendre à Dieu.«
Que vous inspire en votre for intérieur ces mots d’Ignace ? En tant que jésuite, vous avez fait le vœu de pauvreté, comment le vivez-vous ?
« Dans un sens, cet exercice nous invite à accepter de grand cœur la dernière place. Je ne sais pas pour vous mais pour moi c’est difficile. Surtout quand, quelque part, dans ma mission, je suis mis à ‘la première’. Ca met en tension. […] Et quelque part c’est aussi se souvenir qu’en définitive, on ne sera jamais les sauveurs, quelque chose de vrai surtout dans le travail social où l’on voit souvent notre impuissance. »
Pour se rapprocher du Christ, Ignace choisi « la pauvreté » et « les humiliations » et préfère « être regardé comme un sot et un fou […] plutôt que comme un sage et un prudent en ce monde. » Pourquoi, au fond, conseilleriez-vous à quelqu’un de tendre vers cela ?
« Je pense que ce n’est pas tant un ‘pourquoi’ qu’un ‘en vue de quoi’. ‘En vue de quoi’ s’est écrit ? C’est pour se remettre face au Christ et que notre vie soit centrée sur lui. Je dirais que l’exercice quotidien c’est de regarder le Christ en croix et de lui parler. Et il y a une sorte d’abîme qui se crée entre le Christ en croix, dans l’apothéose de son abaissement et nos petits êtres qui sont certes assez admirables, mais qui n’en restent pas moins tout petits et finalement pesant assez peu dans le poids du monde. »
Le P. Antoine Paumard sj est originaire de la ville d’Angers. Ce qui l’a fait rentrer dans la Compagnie de Jésus, c’est d’abord son attachement au scoutisme où il a découvert la foi, l’engagement et où il a fait l’expérience de la vie communautaire.
Lors d’une retraite au Kenya, il a eu une rencontre avec le Seigneur. Il a alors pris conscience que vivre chrétiennement n’était plus une question mais un vrai désir de sa part, et qu’il avait besoin personnellement d’une forme de vie structurée, et d’entrer dans la vie religieuse. Il s’est donc naturellement tourné vers les jésuites car c’est avec eux qu’il avait vécu sa première forme de retraite, au Centre spirituel jésuite de Manrèse, où il avait appris à prier. Il est donc entré dans la Compagnie de Jésus en septembre 2001.
Il a été ordonné diacre à Boston, un fait important pour lui car cela rappelle l’appel missionnaire qu’il avait ressenti. Une fois ordonné prêtre, il a été aumônier d’étudiants à l’école Central, tout en rédigeant une thèse en spiritualité à l’EHESS et au Centre Sèvres. Après son troisième an au Chili, il a été nommé directeur de JRS France en août 2016.
