Marie Julienne est la Directrice adjointe de la Maison Magis à Paris. Depuis 2018, ce lieu ouvert par les jésuites est dédié aux étudiants et jeunes professionnels. Marie revient sur son parcours et sa mission au service des jeunes.

« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. » (Mt 21, 42). Sept ans plus tard, je me souviens encore très bien de l’Évangile de ma toute première « Messe qui prend son Temps (MT) », premier contact avec la spiritualité ignatienne et les jésuites, à l’église Saint-Ignace, à Paris. Il m’aura fallu une semaine pour digérer cette messe, tant cette expérience de prière avec la Parole de Dieu m’avait fait vivre l’eucharistie de manière intense et renouvelée. Les premières pierres ont, pour moi, été posées sur les collines sarthoises. Mes parents, éleveurs laitiers impliqués dans la vie locale, m’ont transmis un goût de la simplicité, de l’engagement et d’une foi qui se vit dans l’accueil de l’autre, avec la préoccupation que l’Église soit accessible et accueillante pour ceux qui en sont loin.

C’est à 16 ans que les fondations ont fini d’être consolidées, à Taizé, où je fais l’expérience d’un Dieu doux et miséricordieux. Cette communauté me rejoint par la grande simplicité du quotidien et de la liturgie et par l’accueil inconditionnel des jeunes. Elle a également nourri des prises de conscience sur l’écologie, la justice sociale et la fraternité entre les peuples et les Églises. En arrivant à Paris pour étudier à Sciences Po, c’est le « grand écart » avec mes racines rurales et je peine à trouver un lieu de foi qui me corresponde. Jusqu’à découvrir la « MT », communauté dans laquelle je me sens accueillie et à ma place. Un chemin d’unification et de déploiement commence alors. « Trouver Dieu en toute chose », l’écoute des motions intérieures et de la liberté, la relation personnelle à la Parole de Dieu, l’engagement dans le monde sont autant de dimensions de la spiritualité ignatienne qui me touchent et me font grandir. Alors que je terminais un contrat dans une ONG, une amie me souffle : « Marie, travailler à la Maison Magis, tu y as pensé ? » Non, je n’y avais pas du tout pensé. Mais voilà maintenant deux ans que je m’épanouis dans ce lieu dédié aux jeunes adultes. Je suis reconnaissante de ces appels des uns et des autres, qui ont ouvert des voies inattendues.

Je repense souvent à cette question d’un intervenant à Taizé : « Whom do you work for ? ». Autrement dit : Quelle est ta contribution à la société ? Au profit de qui mets-tu en œuvre tes compétences ? J’ai aujourd’hui beaucoup de joie à travailler dans ce lieu d’Église. Une Maison à la porte grande ouverte, dont la pierre d’angle est résolument le Christ, en prise avec de nombreux enjeux actuels : migrations (avec JRS France), entreprenariat social et écologique (avec le Cowork Magis), synodalité (avec Magis Paris)… La Maison Magis est un beau visage de l’Église et un vrai lieu d’espérance, au vu des épreuves que cette dernière traverse actuellement.

Marie Julienne,
Directrice adjointe de la Maison Magis à Paris

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.