Portrait : Martin Rondelet sj
Actuellement étudiant en 2è cycle de théologie biblique, en 1e année à l’Université Grégorienne à Rome, Martin Rondelet sj sera ordonné diacre le 2 avril 2024 à Rome, aux côtés de douze jésuites originaires de onze Provinces différentes. À l’occasion de son ordination diaconale, il témoigne de son parcours, sa vocation et ses missions – il est médecin – au service du « soin des corps et des âmes ».
J’ai grandi dans la campagne wallonne, à l’orée d’un bois que l’on appelle « Hollywood » (le bois de la Houssière). Le village, avec son école accessible à pied à travers champs, son club de foot et sa troupe scoute, a façonné le gamin que j’étais. J’y ai vécu heureux, entouré de ma famille. Parmi les bandes dessinées de la bibliothèque familiale, les figures du Père Damien, de Charles de Foucauld et de Mère Teresa m’ont touchées : contemplation de ces vies données, parties loin de leur terre natale, sans retour, pour servir des hommes et des femmes qu’ils ne connaissaient pas.
À 14 ans, un petit bateau en bois donna un premier cap à ma vie. Désireux d’imiter mon grand frère, je voulus réaliser, moi aussi, une maquette. Au bout de deux ans, surmontant des tempêtes de colère et d’impatience, – oh miracle ! – la Niña de Christophe Colomb vit le jour et révéla un attrait pour le travail manuel. L’associant avec un goût pour les sciences, je m’orientai vers la chirurgie en fin de « rhéto » (la terminale, pour les « gens du sud »). Au cours des études médicales, ma trajectoire se modifia petit à petit vers la médecine générale. Le long suivi d’un patient en dépression confirma mon désir profond d’aider d’autres personnes à découvrir – ou redécouvrir – ce qu’elles portaient de vivant en elles. À la fin des études, pour ouvrir la voilure de mes connaissances et faire de la médecine autrement, je cherchai un lieu pour étudier la Bible et un peu de philosophie. Une question vocationnelle se creusait aussi. Homme de désir mais fortement indécis (oh torture qu’une carte de restaurant !), je découvris à l’Institut d’Études Théologiques de Bruxelles (devenu depuis le Forum Saint Michel) l’accompagnement spirituel et la relecture de vie, qui m’aidèrent à goûter mes harmoniques intérieures pour mieux choisir ce qui me correspondait. En 2015, la guerre en Syrie et mon désir de soulager la souffrance des personnes exilées me poussèrent définitivement à frapper à la porte de la Compagnie de Jésus. Après un temps de noviciat, suivi des premières études de philosophie et de théologie, et d’une heureuse régence à Bruxelles, me voici actuellement à Rome pour approfondir pendant trois ans la Bible, qui pourra me servir pour enrichir l’apostolat futur comme par exemple l’accompagnement spirituel, la réflexion sur les questions de société, la pratique de la médecine et la rencontre interreligieuse. Nous verrons vers où le vent soufflera.
Pourquoi le choix des jésuites ? Pour l’amour du monde ou, dit autrement, pour « voir Dieu en toute chose » (Constitutions, 288). Pour contempler Dieu travaillant ce monde. Pour voir son « Esprit danser » (Pr 8, 30-31) dans sa création et particulièrement dans les liens humains, dans ce que l’homme crée de beau, dans les mains tendues, dans les cœurs qui s’ouvrent. Mais aussi pour suivre le Christ dans sa Passion et sa Résurrection. Poser mon stéthoscope sur des corps souffrants m’oblige à ne pas m’éloigner de ces lieux-là. « On n’est pas né sous la même étoile », pouvais-je lire régulièrement sur une affiche au Centre de Médecins du Monde à Saint-Denis, dans la salle d’attente remplie de personnes dont plusieurs avaient traversé l’horreur en Libye. Pour lutter « sous l’étendard de la Croix » contre tout ce qui défigure l’être humain en suivant Celui qui est venu lui révéler son originelle beauté. Pour œuvrer avec Lui à un monde plus fraternel, révélant le Royaume qui vient.
Martin Rondelet sj,
en 2è cycle de théologie biblique, en 1ère année à l’Université Grégorienne à Rome
Le soin du corps, l’accompagnement de l’âme : Cathobel rencontre Martin
Martin Rondelet a exercé en tant que médecin à Bruxelles, de 2021 à 2023, pendant sa régence. Au fil des consultations, il s’est senti appelé à aider les gens à trouver leur place dans la société et à faire découvrir à chacun qu’il est profondément aimé de Dieu. Il témoigne de son parcours pour le média belge francophone Cathobel. > En savoir +
En savoir + sur l’ordination diaconale de Martin Rondelet
Le mardi 2 avril, à 16h, en l’église du Gesù, à Rome, Mgr José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la Culture et l’Éducation, ordonnera diacres 13 jésuites originaires de douze Provinces différentes dans le monde. Parmi eux, Martin Rondelet, jésuite de la Province d’Europe occidentale francophone. > En savoir +
En savoir + sur l’ordination diaconale chez les jésuites
Article publié le 15 juin 2022