Portrait : P. Benoît Ferré sj
Le P. Benoît Ferré sj a été ordonné prêtre en juin 2021 dans la Compagnie de Jésus en l’église Saint-Denys-de-L’Estrée à Saint-Denis. Il revient sur son parcours et sa vocation au service des jeunes et de « cette Église de Saint-Denis, fragile mais fraternelle et accueillante. »
Après avoir grandi à Quimper, m’être exilé à Rennes pour la prépa, puis à Paris en école d’ingénieur, et avoir ensuite poussé jusqu’au Burkina Faso pour deux ans de volontariat avec la Délégation catholique pour la coopération (DCC)…, fallait-il encore m’éloigner ? Non : pour aller plus loin, il me fallait atterrir, envisager quel sillon creuser à partir de ce qui avait déjà été semé, pour laisser tout cela mûrir. Travailler au Centre national du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) a été une étape importante pour moi, à ce moment-là ; j’ai pu à la fois apprécier un métier qui allie joie, sens et profondeur, et mesurer que la question qui m’habitait profondément dépassait celle d’un métier.
J’ai rejoint la Compagnie de Jésus en 2009, touché par le Christ qui relève les hommes et les femmes, et désireux de le suivre en aidant les âmes à la manière de saint Ignace de Loyola. Jamais, au moment de faire ce choix de vie, je n’aurais imaginé que, pour ma première mission, je serais envoyé faire une thèse en philosophie politique ! J’ai encore à m’approprier le sens missionnaire de cet envoi.
Je rends grâce d’avoir pu goûter à bien d’autres facettes de l’apostolat de la Compagnie de Jésus : accompagnement de retraites spirituelles, engagement au Service jésuite des réfugiés (JRS), pastorale des jeunes (La Messe qui prend son Temps) ou en paroisse à Saint-Denis, éducation dans les collèges jésuites marseillais, et notamment dans les quartiers nord, à Saint-Mauront. Tout en me faisant éprouver la joie de servir et de tisser des relations, ces expériences variées m’ont aussi davantage disposé à la disponibilité. Dans les études, les apostolats, la vie communautaire, les surprises autant que les épreuves traversées ont creusé ma confiance dans le Seigneur. Je suis heureux de n’avoir d’autre choix que de compter sur Lui pour recevoir la mission.
Il est bon, enfin, que mon ordination presbytérale, le 19 juin dernier, ait été célébrée à Saint-Denis. Quatre ans de vie en communauté m’ont fait aimer cette ville contrastée et ses habitants, qui m’inspirent un autre regard sur le monde. J’ai beaucoup de joie à demeurer, à servir dans cette Église de Saint-Denis, fragile mais fraternelle et accueillante. La dimension ecclésiale engagée dans l’ordination s’incarne aujourd’hui pour moi dans ce territoire particulier, dans les visages et les histoires singulières de ceux qui l’habitent ou y travaillent. Difficile de tracer des frontières bien nettes… si ce n‘est pour les traverser : j’apprécie d’avoir pu rejoindre en ce lieu Solidarités Migrants Wilson, un collectif constitué de citoyens de tous horizons, réunis pour aider et défendre les nombreux exilés, relégués à la rue dans le nord parisien.
P. Benoît Ferré sj
Doctorant en philosophie politique à Sorbonne-Université, communauté de Saint-Denis La Plaine
Témoignage vidéo du P. Benoît Ferré sj
Retour sur l’ordination sacerdotale du P. Benoît Ferré sj
« Il ne s’agit pas pour moi d’un aboutissement. Demain et pour quelques années encore, je reste ‘jésuite en formation’. Vous demanderez pourquoi aux jésuites que vous croiserez. Le temps qui s’ouvre prolonge ce que j’ai vécu jusque-là : ‘serviteur de la mission du Christ’. Simplement, et ce n’est pas rien, je reçois de l’Église aujourd’hui une nouvelle manière de vivre ce service. […]
Ni point d’aboutissement, ni point de départ, il n’empêche l’ordination est un beau point d’étape qui me permet d’exprimer publiquement ma gratitude. D’abord à mes parents qui m’ont transmis la vie, la foi et qui m’ont accompagné sur les chemins… Au reste de ma famille aussi. Aux amis venus nombreux. Le bonhomme que je suis aujourd’hui vous doit beaucoup. […] »
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Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (automne 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit.
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Article publié le 31 mai 2021