Portrait : P. Host-Henri du Roure
Le P. Host-Henri du Roure sj est le supérieur de la communauté jésuite de La Réunion. Il revient sur son parcours, riche et varié, au sein de la Compagnie de Jésus, au service de la mission ouvrière, des jeunes et du monde associatif.
Entré au noviciat à Saint-Martin d’Ablois le 14 octobre 1967, j’ai l’impression d’avoir eu deux vies dans ma vie de jésuite, très différentes et pourtant unifiées.
La première vie a été marquée par la mission ouvrière. Après deux ans de coopération au Maroc et une formation de philosophie et théologie éclair dans les remous post 1968, j’ai débuté une activité apostolique pleine et entière dès octobre 1975 à mon arrivée à Lyon.
Embauché comme éducateur de rue aux Amis de Jeudi Dimanche AJD, association créée par le P. Maurice Gounon sj, j’en suis parti quinze mois plus tard sur fond de divergence de vue. Désireux de pouvoir continuer à mener sur le quartier l’action entreprise, je suis entré aux Hospices Civils de Lyon (HCL) d’abord comme linger. Après la titularisation en 1978, année de mon ordination, j’ai été muté auprès des malades.
J’ai alors commencé jusqu’en 1999 une carrière de soignant en étant garçon de service, brancardier, élève infirmier, cadre de santé, avec en parallèle un déménagement à Vaulx-en Velin où le P. Michel Théveniaut sj m’a rejoint, et un engagement associatif, syndical et politique qui a correspondu avec l’arrivée de la gauche au pouvoir. D’abord à la CGT où j’ai représenté la centrale au Conseil d’Administration des HCL, puis à l’APS (Action Pour la Santé) organisation syndicale représentative autonome que nous avons créé avec quelques amis, puis à l’Union Nationale des Associations et des Syndicats Infirmiers de France (UNASSIF) que j’ai présidé ce qui m’a valu de signer les accords Durieux sous le gouvernement d’Edith Cresson. J’ai aussi été conseiller municipal de Vaulx-en-Velin et assistant parlementaire du député de la circonscription.
Ma deuxième vie commence en 1999. « Monsieur du Roure », membre de la mission ouvrière jésuite, syndicaliste, salarié du Parlement, conseiller municipal, devient le « Père du Roure », directeur d’œuvre, délégué diocésain à la pastorale de la santé. À la demande du Vice Provincial, j’atterris à Marseille comme directeur du CCM qui deviendra plus tard le Centre Laënnec de Marseille. Je passe sept ans dans cette ville, dont cinq à l’implantation populaire de Air Bel, dont je suis membre fondateur, puis quatre à Paris à la direction de l’EHPAD jésuite, et quatre à Montpellier pour soigner ma mère tout en étant prêtre référent de l’aumônerie des hôpitaux et aide aumônier à la prison de Béziers. Au décès de ma mère, ayant demandé de revenir habiter en cité, j’arrive à Saint-Denis d’abord comme éphémère directeur du Centre d’initiatives et de soutien aux étudiants de Saint-Denis (CISED) puis comme prêtre référent de la paroisse Saint-Denis de l’Estrée confiée aux jésuites. Je découvre ensuite à Saint-Étienne le monde scolaire et le réseau des établissements d’enseignement de notre Province, et aujourd’hui La Réunion et l’Océan indien…
Un parcours varié, pour lequel je rends grâce. Les expériences vécues au cours de ma première vie m’ont beaucoup aidé pour la deuxième. Et réciproquement le partage avec des compagnons jésuites engagés dans des ministères plus classiques, alors que j’appartenais à la mission ouvrière, m’a permis de garder le cap, si bien que le passage de la première vie à la seconde s’est fait dans la douceur et la continuité de mon être jésuite. En espérant qu’il en soit de même pour la suite…
Supérieur de la communauté de Saint-Denis à La Réunion
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci de consulter ce lien.