Le P. Sébastien Vaast sj a prononcé ses derniers voeux le 20 mai 2023 à la Réunion. Aumônier de l’université de Saint-Denis, il revient à cette occasion sur son parcours et ses missions au service de la croissance spirituelle des jeunes qu’il accompagne, notamment à travers l' »Église 2.0″ dont il est prêtre accompagnateur.
Né à Martigues dans le sud de la France, j’ai grandi dans une famille catholique dont la pratique n’était pas assidue. Nous allions seulement à la messe pour Noël et pour Pâques… J’ai reçu le baptême, fait ma première communion et reçu la confirmation. J’allais surtout au catéchisme pour retrouver mes amis et jouer au foot. Pendant plusieurs années, la religion pour moi a navigué en « eaux souterraines ».
En classe de Terminale, j’ai assisté à un cours de philosophie dont je me souviens encore. Une question m’a ouvert les abîmes de la réflexion : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Cette question du sens de Leibniz a vraiment été hypnotique pour moi. Puis je me suis inscrit dans un cursus scientifique. Je tentais de trouver des réponses dans mes livres.
Après les écrits de Leibniz, j’ai étudié ceux de Pierre Teilhard de Chardin. Pour moi, ce jésuite français avait réussi à articuler sciences et foi : la science répond à la question du « comment » et la théologie à celle du « pourquoi ». Quand je n’étais pas en cours, je passais mes mercredis « dans des cafés-philo » animés par des religieuses…
Baccalauréat en poche, j’ai poursuivi mes études de Sciences et Vie de la Terre (SVT) à Marseille. Dès ma première année, mes amis m’ont entraîné à l’aumônerie de l’université. C’est ainsi que pendant tout mon cursus, je me suis vraiment investi à l’aumônerie. Petit à petit, j’ai commencé à trouver un sens aux questions que je me posais. Une rencontre déterminante a été celle de l’aumônier de l’université, également prêtre jésuite accompagnateur. Je trouvais que c’était un homme comme les autres, qui pouvait aller voir un match de foot tout en ayant une grande connaissance de la Bible !
Après avoir obtenu ma maîtrise, plusieurs « déclics » opérèrent. Tout d’abord, un voyage au Bénin pour reconstruire un dispensaire pour de jeunes orphelins. C’était comme lorsqu’on prend une éponge et qu’on la met sous l’eau : elle se rempli d’eau et répond à sa vocation. J’avais l’impression d’avoir été mis sous l’eau !
De retour en France métropolitaine, j’ai réussi mon concours de professeur d’écoles et j’ai passé une année au séminaire d’Aix-en-Provence. Je me suis questionné à ce moment précis : « Qu’ai-je envie de faire de ma vie ? ». Le jésuite que j’avais rencontré plus tôt durant mes études m’a suggéré de faire les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Cela a été une révélation. Après la poursuite de mes études à Lyon, j’ai été ordonné prêtre à la paroisse Notre-Dame des Anges à Bordeaux. J’ai donné à mi-temps des cours de SVT au sein de l’établissement scolaire jésuite Saint-Joseph-de-Tivoli et j’y ai aussi fait partie de l’équipe pastorale.
Après un deuxième cycle de théologie à Québec, je pose les pieds pour la première fois à la Réunion en décembre 2013, pendant un mois. Puis j’y reviens, pour une durée indéterminée cette fois, en décembre 2015. Spirituellement, j’ai tout de suite été marquée par la louage et la chaleur des paroissiens pendant les célébrations. En tant que professeur de SVT, j’ai été marqué par la beauté des paysages !
Je suis ainsi depuis 2015 aumônier des étudiants de l’université de la Réunion. L’idée de créer une « Église 2.0 » a germé petit à petit. Pour rejoindre les jeunes, il faut avoir une Église qui les touche et qui parle avec leurs codes. Je me suis inspiré de l’église Sainte-Blandine à Lyon. « L’Église 2.0 » est fondée en avril 2019 à Sainte-Marie, avec cinq piliers : convivialité, solidarité, louange, formation et accompagnement spirituel. Nous proposons des activités qui peuvent intéresser les jeunes : « Foot for Jesus », de la catho-fitness, le concert « Unis pour l’Ukraine »… Le bilan est positif et surtout surprenant. En effet, cette église était à destination des jeunes et nous avons été obligés de la fermer avec la pandémie de Covid19. Nous avions alors établi un partenariat pour diffuser quatre messes sur la chaîne Réunion La 1ère… Le succès était tel que ce sont actuellement 16 messes qui sont retransmises en direct ! Ces messes « animées par les jeunes pour les jeunes » touchent maintenant l’ensemble de la population réunionnaise et je m’en réjouis.
> Source : article de Clicanoo.re d’avril 2023
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