A l’occasion de son ordination sacerdotale, Xavier de Bénazé sj partage l’appel qu’il a reçu puis discerné à entrer dans la Compagnie de Jésus, dans laquelle il explore la frontière écologique. 

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« Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie ? Que vas-tu décider ? » Grâce à ces questions, j’ai appris à prolonger cette connaissance du Christ grâce aux outils que m’a fournis mon accompagnateur spirituel [jésuite] qui relèvent à la fois de la contemplation de l’Évangile (découverte des Exercices spirituels au centre spirituel jésuite de Penboc’h en Bretagne puis 10 jours de retraite de choix de vie) et du discernement : comment trouver Dieu dans ma vie ordinaire ?

Je pesais pendant ma vie étudiante et professionnelle le pour et le contre dans les différents choix de vie qui s’offraient à moi. Puis j’ai fini par comprendre les propos de mon accompagnateur spirituel sur « l’indifférence » [ignatienne] : vie de famille et vie religieuse étaient finalement deux très bons choix pour moi. Dieu n’avait pas élaboré un bon et un mauvais chemin pour ma vie. J’ai donc élargi mon discernement, posé mon choix et écouté le Christ à travers sa Parole, ses enseignement et ce qu’Il peut avoir envie d’inventer avec nous. La Parole qui avait du goût pour était « Heureux les affamés et assoiffés de justice, le royaume des Cieux est à eux ». Cela correspondait à ce que je connaissais de l’engagement des jésuites. C’est pourquoi j’ai rejoint la Compagnie de Jésus. »

Retour sur le parcours de Xavier de Bénazé sj

« En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. » (Mc 6,34)

Ce regard de Jésus sur les foules, ce regard du Christ sur moi comme un appel, a été un tournant dans la retraite d’élection que j’ai faite il y a 10 ans, au Centre spirituel jésuite de Manrèse, à Clamart. J’avais 25 ans, et depuis l’âge de 7 ans, j’avais grandi avec la question de ma vocation présente à l’esprit. « Vais-je me marier et avoir des enfants ? ou vais-je devenir prêtre et missionnaire ? ». Question passionnante, vitale, qui m’a porté et fait grandir dans ma vie de jeune garçon, d’ado, de jeune homme, de chrétien. Question qui n’a pas été toujours facile à porter et à assumer dans un monde largement indifférent à Dieu.

Mais ce jour d’Avril 2011, dans la chapelle de Manrèse, c’est une paix et une joie à la simplicité cristalline qui ont envahi mon être. Tout prenait sens et se rejoignait : ma famille nombreuse et catholique, berceau d’une foi vivante et heureuse ; les amis non religieux, mais en quête de sens ; l’accompagnement fidèle et profond de ma marraine, religieuse dans la famille ignatienne ; le patronage de saint François-Xavier ; mes études d’ingénieur en agronomie et le défi grandissant de la crise écologique et sociale ; mon goût pour la Parole, pour ma terre d’enracinement à Couffé près de Nantes, et pour l’horizon grand ouvert à Marseille qui appelle à la découverte.

11 ans plus tard, le 2 avril 2022, je vais être ordonné prêtre pour l’Église, le peuple de Dieu, la famille humaine et toute la Création. Cette mission que l’Église me confie occupe beaucoup ma prière ces dernières semaines. Elle est si belle, si grande et… si fragile. La « crise des abus », qui nous secoue tous, m’interroge, forcément. Mes limites et mes péchés me font parfois voir la charge comme impossible à porter. La crise écologique et sociale qui nous entoure me fait parfois douter de notre humanité. Mais c’est précisément en ces lieux que je rends grâce de ces onze années de formation qui m’ont permis de m’enraciner en Dieu, de découvrir sa présence fidèle et sûre au long des jours, dans le bonheur comme dans les épreuves.

Fort de cette expérience, j’ose alors regarder l’avenir et la vocation d’humain, de chrétien, de jésuite et de prêtre qui  m’est confiée avec espérance. Oui, puisque nous sommes créés par Amour et appelés à la vie éternelle dans l’Amour, cela vaut le coup de vivre cet Amour de Dieu aujourd’hui !

Pour moi cela passe particulièrement par l’écologie intégrale et le souffle de l’Esprit qui traverse l’encyclique Laudato si’ et nous appelle à une profonde conversion écologique. Je suis en effet en train de finir une licence canonique en éco-théologie, tout en servant ma Province jésuite comme délégué Laudato si’ du Provincial. Et à partir de cet été, je suis envoyé explorer les liens entre spiritualité ignatienne et écologie intégrale dans le centre spirituel jésuite du Châtelard, à côté de Lyon. Le champ à explorer est immense !

Alors, à quelques jours de mon ordination et quelques mois de ma première mission comme prêtre, je chantonne joyeusement et paisiblement cette hymne du jésuite Didier Rimaud : « Invente avec ton Dieu l’avenir qu’il te donne« . Oui Seigneur, Sucipe !