Première université d’été sur le christianisme social : trois jours pour rêver dans le Seigneur

En 2022, l’université d’été « Bâtir le bien commun » a réuni une soixantaine de participants autour des valeurs du christianisme social, à Quartier Gallet, un lieu communautaire animé par la Compagnie de Jésus, au cœur des Ardennes belges. En 2023, la seconde édition de ce collectif est proposée du 7 au 9 juillet. Rencontre avec le P. Jean-Louis Van Wymeersch sj, qui a accueilli les participants à Quartier Gallet.

Quel était l’origine de cette université d’été accueillie à Quartier Gallet ?

En milieu d’année, j’ai reçu une demande de la part d’un groupe de jeunes doctorants belges chrétiens qui désiraient se réunir entre amis pour discuter de questions en lien avec la justice sociale. Leur désir de réfléchir sur la place de l’Eglise dans la société a rencontré un écho chez d’autres jeunes : de vingt participants au départ, ils étaient finalement soixante.

Les organisateurs ont invité plusieurs intervenants de la sphère intellectuelle à prendre la parole. Le professeur d’économie Jean-Christophe Defraigne a avancé une critique du capitalisme, un système qui possède sa propre foi et sa propre espérance, loin de celles des chrétiens. La philosophe Anne Waeles, co-autrice de La Communion qui vient, a interrogé notre façon d’être dans la société en tant que catholique. Etaient également invités Simon-Pierre de Montpellier, rédacteur en chef de la revue En Question du Centre Avec, Sœur Moïsa, docteure en théologie et d’autres encore. Des personnes engagées dans des initiatives solidaires, ont quant à elles animé des ateliers au cours du week-end : association de colocation solidaire Lazare, le mouvement ATD Quart-Monde…

Par les conférences, ateliers et discussion informelles, l’objectif de cette université d’été visait donc à poser des questions, plus qu’à donner des réponses. A aider les participants à prendre conscience que notre foi ne se limite pas à la sphère personnelle mais qu’elle nous appelle à agir dans la société. A envisager l’Evangile dans sa dimension politique car le Christ secoue nos fonctionnements de sociétés trop « installés ». Bref, 3 jours pour réfléchir et espérer ensemble.

Quel lien faites-vous entre le projet de Quartier Gallet et celui de cette rencontre ?

Il me semble que Quartier Gallet a apporté une dimension contemplative à cette rencontre. D’abord par la nature, avec le magnifique panorama des forêts ardennaises qui apaise le cœur. Ensuite, par les trois prières et la messe quotidiennes qui rythment la vie communautaire. Ces moments ont été bénéfiques aux échanges entre les participants. Ce cadre de la prière était comme l’écrin pour penser et réfléchir ensemble. Cela a permis de rechercher ce qui nous rassemble, sans tomber dans des débats contradictoires où l’on cherche juste à imposer ses idées. En arrière fond, on pouvait deviner la question: « Seigneur, à quoi nous appelles-Tu ? »

De plus, tous ont participé aux travaux communautaires : couper du bois, cuisiner, aider au potager, reboucher une tranchée, tailler une haie… Le fait de travailler ensemble permet de se rencontrer différemment et de se recentrer sur le concret.

Qu’est-ce qui vous a touché au cours de ce week-end ?

Je ressors heureux de ce week-end, de voir de jeunes chrétiens prendre position dans notre société, voulant mieux comprendre, sensibiliser d’autres et s’impliquer. J’ai trouvé cela porteur d’espérance. La belle mobilisation montre l’écho qu’ils ont trouvé.

J’ai été très touché de voir que plusieurs jeunes vivaient ces journées avec une joie et une foi profondes. Ils se sentaient à leur place dans ce cadre où ils pouvaient interroger leur foi, leur rapport à la société…

Je retiens également la bonne humeur qui régnait. Les participants étaient détendus et souriants, malgré les sujets lourds qui étaient abordés. Ils s’écoutaient les uns les autres. Je n’ai pu m’empêcher de relier cela aux temps de prière que nous avons vécu ensemble. Et le tout dans un climat de sobriété. Bref, je retiens cette joie commune de rencontrer des personnes qui aiment l’Eglise et qui veulent agir pour aller à la rencontre de la société. Pour lesquelles l’Evangile est aussi une invitation à s’engager pour nos frères et sœurs. J’ai senti un élan et un dynamisme communiqué aux participants, et cela est très porteur, en premier lieu pour moi !

P. Jean-Louis Van Wymeersch sj

(Coopérateur de la Communion de La Viale)

Qu’est-ce que Quartier Gallet ?

Quartier Gallet est un havre de paix dans les Ardennes belges, fondé en priorité pour les jeunes, ouvert à ceux et celles qui veulent se ressourcer… La matinée à Quartier Gallet est consacrée au travail communautaire (bois, potager, cuisine, etc.), et l’après-midi à la détente personnelle, lecture, ballade… La journée est rythmée par les temps de prière, avec l’eucharistie en fin d’après-midi. Sobriété, vie fraternelle, silence intérieur sont autant de jalons pour aider à la rencontre du Seigneur.