Le projet pédagogique du Collège jésuite Matteo Ricci

Le Collège Matteo Ricci est un nouvel établissement du réseau des Collèges et Instituts jésuites en Belgique francophone. Il vise à offrir aux jeunes des quartiers environnants ou plus lointains (grâce à une bonne accessibilité) une éducation de qualité, fidèle à la tradition de la pédagogie jésuite.

Son objectif, au-delà du service rendu à la société en créant de nouvelles places dans une école secondaire pour répondre à la tension démographique bruxelloise, est de voir comment nous pouvons faire vivre positivement aux jeunes une expérience d’apprentissage et d’éducation dans un cadre de mixité sociale. La spiritualité ignatienne nous invite à croire fondamentalement en la personne humaine et en son potentiel : confiant en l’humain, nous faisons le pari de la force éducative issue des rencontres avec l’autre, avec ses différences qu’elles soient sociales ou culturelles. Certes, c’est un défi, et le relever nécessitera maintes adaptations et relectures. Cela nécessitera également un engagement profond des acteurs du terrain et cela passera par des initiatives pédagogiques nouvelles, par la créativité et par une permanente réflexion éducative.

« Il est urgent de transformer nos institutions en espaces de recherche pédagogique et en véritables laboratoires d’innovation didactique, d’où surgiront de nouvelles méthodes et modèles de formation. Cela demandera d’explorer ce que d’autres font et peuvent nous apprendre, ainsi que ce que la science pédagogique propose dans un monde de plus en plus technique et caractérisé par la culture digitale dans laquelle nos étudiants sont nés et ont grandi. »

P. Arturo Sosa sj, Supérieur général des jésuites,
Rencontre mondiale des délégués de l’éducation jésuite, Rio (Brésil), octobre 2017.

Le projet pédagogique et éducatif, mis en œuvre dans l’ensemble des établissements de la Compagnie de Jésus dans le monde, s’articule notamment autour des points clés suivants :

  • une attention à chaque élève avec un accompagnement personnalisé
  • la responsabilisation des élèves par l’émulation et le soutien mutuel
  • un regard bienveillant et constructivement critique sur le monde
  • un engagement pour la justice sociale
  • le développement de la vie intérieure et de la spiritualité.

Que souhaitons-nous pour les jeunes qui nous sont confiés ? Que désirons-nous leur faire découvrir et expérimenter ? Quels jeunes pour demain ?

Les quatre C de l’excellence

« Notre objectif est de former des hommes et des femmes conscients, compétents, compatissants et engagés. »

P. Peter-Hans Kolvenbach sj, ancien Supérieur général,
Lettre sur la pédagogie ignatienne, Rome, 1993.

Ces quatre notions, connues sous l’expression des « quatre C » (formés par les mots anglais de conscience, competence, compassion et commitment) synthétisent le véritable sens de l’excellence : le développement maximum des dons et des capacités dont chacun est doté pour les déployer le plus possible au service d’autrui.

« Ces quatre adjectifs expriment l’excellence humaine que nous voulons pour les jeunes qui nous sont confiés : conscients, car en plus de se connaître eux-mêmes, grâce au développement de leurs capacités à intérioriser et à cultiver une vie spirituelle, ils ont une connaissance et une expérience constantes de la société et de ses déséquilibres ; compétents, professionnellement parlant, parce qu’ils ont une formation qui les expose aux progrès de la science et de la technologie ; compatissants, parce qu’ils sont capables d’ouvrir leurs cœurs pour être solidaires et assumer la souffrance d’autrui ; et engagés, parce qu’avec la compassion, ils s’efforcent honnêtement d’embrasser la foi, et par des moyens pacifiques, ils travaillent pour la transformation sociale et politique de leur pays et des structures sociales pour parvenir à la justice. »

P. Adolfo Nicolas sj, ancien Supérieur général,
Rencontre mondiale des associations des anciens des Collèges jésuites, Medellin (Colombie), 2013.

 

Ces quatre C concernent tant l’objectif de notre mission d’éducation et d’enseignement, que la manière de vivre cette mission : ils concernent tous les membres de la communauté éducative : les élèves mais aussi les enseignants et éducateurs, et tous ceux qui sont impliqués dans la bonne marche de nos établissements.

Des acteurs de réconciliation

Nous souhaitons ainsi former des acteurs de réconciliation et ce, à trois niveaux : réconciliation entre humains – en refusant les exclusions, en refusant les murs, en évitant les sectarismes – réconciliation avec la création – l’urgence écologique suppose des actes responsables – et réconciliation avec Dieu.

La réconciliation entre humains est un défi quotidien, et spécialement dans l’éducation : apprendre à accueillir l’autre, l’accueillir comme un frère ou une sœur, apprendre à vivre ensemble sans nier les différences, regarder au-delà de son groupe, du clan auquel on appartient et qui rassure. L’école est un lieu où on développe ces bonnes habitudes.

En outre l’’éveil à la justice se fera en offrant aux élèves la possibilité de vivre des expériences de service adaptées à leur âge – notamment auprès des personnes les plus fragiles –, les entrainant ainsi à avoir un regard bienveillant avant d’être critique, sur le monde et sur les êtres.

« L’enjeu est bien de former des jeunes pour qu’ils soient de véritables acteurs de changement dans notre société, qui ne soient pas prisonniers d’un milieu social, mais capables de voir plus loin, de faire avancer nos sociétés vers plus de justice, de prendre à bras le corps les défis de lutte contre la misère, contre le chômage, contre la destruction de la planète, contre une certaine forme de gestion de la finance qui détruit la société. »

P. François Boëdec sj, Provincial d’Europe Occidentale Francophone,
Séminaire pour directeurs d’écoles jésuites de France et Belgique francophone, Louvain-la-Neuve, janvier 2019.

La réconciliation avec la création englobe la sensibilisation à l’urgence d’un développement durable.

« Le respect et le soin de notre « maison commune » exige que nos institutions offrent à nos jeunes une formation qui intègre la dimension écologique de la réconciliation. Nous tous, êtres humains, sommes coresponsables de notre planète, de sa viabilité future, au-delà de nos intérêts nationaux, locaux ou générationnels. Il est urgent que nous unissions nos efforts afin de créer une société – et une économie – durables dans le temps et afin de protéger êtres humains et environnement. Par leurs façons d’agir et la manière dont elles sont physiquement agencées, nos institutions elles-mêmes devraient refléter ce souci. »

P. Arturo Sosa sj, Rio (Brésil), octobre 2017

Enfin la réconciliation avec Dieu : le développement spirituel des jeunes est également au cœur de la mission d’éducation de l’école. Le cours de religion catholique comme les célébrations religieuses rassembleront les élèves et les adultes dans la découverte de Celui qui est présent au plus intime de chacun. Si le cours de religion catholique fait partie intégrante de l’horaire, la découverte et l’approfondissement d’autres convictions religieuses pourront être au programme des activités parascolaires.

« L’annonce de la foi n’est pas optionnelle. Nous ne craignons pas de dire ce qui est au cœur du projet d’établissement, et à quelle source nous désirons boire. Cela suppose un grand respect des itinéraires de chacun, des autres religions et spiritualités aussi, un souci de permettre aux jeunes de découvrir l’importance de l’intériorité, et de ne pas rester à la surface de leur vie, mais cela signifie également avoir des propositions claires non seulement de culture religieuse, mais aussi de présentation et d’accompagnement de la foi chrétienne, dans ce qu’elle a de plus central, c’est-à-dire la rencontre personnelle du Christ qui peut donner sens à une vie, ouvrir des horizons de liberté, et combler une existence. Une foi vivante, simple, joyeuse, qui privilégie la charpente intérieure davantage que l’armure, dans une Église qui respire et qui n’a pas peur du monde, à l’image du Pape François. »

P. François Boëdec, Louvain-la-Neuve, janvier 2019.

Plus précisément, un projet d’établissement

Le projet d’établissement du Collège Matteo Ricci veut proposer un soutien et un accompagnement personnalisé et innovant à tous les élèves, au travers d’une large palette de techniques de soutien :

  • l’organisation d’un premier degré différencié
  • une attention particulière aux intelligences multiples et aux élèves à besoins spécifiques comme les hauts potentiels
  • le tutorat qui voit des élèves plus grands aider les plus petits, et les plus forts aider les plus faibles
  • une étude dirigée après les cours
  • des temps de remédiation intégrés dans les cours : « remédiation/consolidation/différenciation »
  • l’accompagnement plus personnalisé par un titulaire.

Le Collège développera l’apprentissage des langues, notamment à travers l’immersion linguistique en néerlandais en 1e et en 3e années.

Il articulera sa pédagogie autour d’innovations :

  • un centre de savoirs, véritable centre nerveux de l’école, permettant les apprentissages les plus innovants pour préparer ses élèves aux ruptures sociétales causées par la révolution numérique et aux défis d’une société où apprendre ne se fait plus comme avant
  • un accent particulier mis sur les arts d’expression orale et visuelle, qu’il s’agisse de la grande tradition jésuite du théâtre et de l’éloquence, mais aussi des formes nouvelles d’expression artistique, d’origines culturelles diverses.

Les enseignants travailleront en équipe, dans des classes décloisonnées. Soutenus par les accompagnateurs de proximité formés par la Coordination des Collèges et Instituts jésuites, ils veilleront à travailler l’interdisciplinarité et à créer une culture pédagogique faite d’autonomisation des jeunes et de prises de responsabilités de leur part.

Le Collège développera un programme d’activités parascolaires ouvrant sur le monde, les autres langues et les religions. Il veillera à préparer les élèves à une prise de responsabilité dans la société civile, une fois devenus des anciens élèves.

Dans le domaine sportif, il mettra un accent particulier sur la découverte de son corps et du respect de celui-ci au travers de l’apprentissage d’une saine hygiène de vie, ainsi que les nouvelles technologies et les techniques ludiques alliant exercice physique et apprentissages.

Les options en 3e année, qui ont fait l’objet d’une demande, sont, outre l’immersion linguistique : néerlandais (4 heures), anglais (4 heures), latin (4 heures), sciences (5 heures), sciences sociales (4 heures) et arts d’expression (4 heures).

Article publié le 22 janvier 2019

Aller en haut