« Quand Dieu se tait… » – Médiation du P. Henri Aubert sj pour le Carême

En ce deuxième dimanche de Carême et dans cette actualité marquée par la guerre en Ukraine, le P. Henri Aubert sj nous propose une méditation à partir de l’Evangile de la Transfiguration (Lc 9, 28b-36).

Transfiguration bleue outremer (100×81) – artiste peinte macha chmakoff

Transfiguration bleue outremer (100×81), de l’artiste peintre Macha Chmakoff

Jésus vient d’annoncer à ses disciples qu’il monte à Jérusalem pour beaucoup y souffrir, y être rejeté par les chefs et être mis à mort. Il ajoute que sa Passion sera le prélude de sa Résurrection. Ils ne comprennent pas !

Alors Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne, sont témoins de la Transfiguration de Jésus, comme s’ils avaient besoin de ce coup d’éclairage pour continuer à le suivre ! Son visage apparaît tout autre, ses vêtements deviennent d’une blancheur éclatante. La présence de Moïse et Elie rappelle qu’il est l’espérance de toute la Bible. Il est confirmé dans sa mission par la voix venue du ciel : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi ! Ecoutez-le ! » (Luc 9, 28-36)

Nous sommes mortels. Devant les épreuves que nous vivons, solidaires en cela de toute l’humanité, il nous arrive de penser que la vie n’a pas beaucoup de sens. En Ukraine, le mensonge, la folie des chefs, la souffrance des peuples et la terrible catastrophe qui se prépare nous angoissent. Ce sont les révélateurs de tant d’autres situations où nous mesurons notre grande impuissance. Pourquoi tout ce mal ? Pourquoi tout cela se termine-t-il dans la mort ? Et puis, à quoi bon croire en ce Dieu de Jésus qui semble tellement impuissant et qui se tait ? En regardant autour de nous, il ne semble plus avoir sa place parmi nous, sauf chez quelques-uns qui paraissent d’un autre âge. Alors nous vivons tant bien que mal, nous avançons sans beaucoup de perspectives.

Confrontés à cette désespérance, risquons-nous sur la montagne où Jésus nous révèle que lorsqu’il prend notre condition humaine, lui qui est Dieu, il la prend jusqu’au bout… jusqu’au bout de la souffrance et de l’injustice. Il est l’innocent que l’on tue… Il nous invite à ne pas avoir peur, nous aussi, à prendre notre vie telle qu’elle est, avec ses joies et ses grandeurs, avec ses peines et ses épreuves. Parce qu’il est Dieu, le fils bien aimé de Dieu, il donne à toute vie d’être victorieuse. Il est celui qui aime et qui sert… Il nous montre le chemin, cette vie est riche de promesses, il est celui qui habite notre humanité dans toutes ses dimensions et qui l’assume jusqu’à en mourir. Il illumine et transfigure notre existence. Avec Lui, nous pouvons reprendre la route…

P. Henri Aubert sj,

Responsable de la Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix, à Namur

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Article publié le 11 mars 2022

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