Repères chrétiens en bioéthique, de Françoise Niessen et du P. Olivier de Dinechin sj
L’intérêt majeur de l’ouvrage est d’expliquer les prises de position de l’Église catholique sur les questions morales concernant la vie humaine.
Voici un livre qui comble un manque réel : en effet, jusqu’à présent, il n’en existait aucun présentant de manière synthétique ce que dit l’Église catholique sur toutes les questions de bioéthique qui prennent de plus en plus de place dans les débats de société. Et cela en expliquant de manière très pédagogique les aspects médicaux de problématiques de plus en plus complexes.
Définir les fondements pour mieux comprendre
Ce résultat est le fruit de la collaboration entre Françoise Niessen, laïque consacrée du diocèse de Nanterre, pédiatre et enseignante en théologie morale et en bioéthique dans des séminaires, et le jésuite Olivier de Dinechin, aujourd’hui octogénaire, spécialiste reconnu des questions morales concernant la vie humaine et ancien membre du Conseil consultatif national d’éthique.
Les quatre premiers chapitres sont assez généraux. Ils posent des fondements solides pour définir la bioéthique et explicitent la contribution de la foi chrétienne à ce secteur particulier de la morale. Françoise Niessen, qui signe onze chapitres sur quinze, en profite aussi pour s’arrêter assez longuement sur deux notions clés que l’on manie parfois sans trop savoir de quoi il s’agit : la souffrance et la dignité humaine.
Une belle réflexion sur la vieillesse
La suite de l’ouvrage aborde des questions qui touchent aux débuts ou la fin de la vie humaine. Avant de pouvoir porter le moindre jugement sur tous ces sujets, il faut d’abord expliquer tout ce que permettent aujourd’hui les développements d’une science particulièrement performante.
Il est vrai qu’il y a de quoi s’y perdre entre les Fivete, AMP (Assistance médicale à la procréation), DPN (diagnostic prénatal) et autres CS (cellules-souches), sans parler, à l’autre bout de la chaîne de la vie, de l’AHA (alimentation et hydratation artificielles), de l’euthanasie, des soins palliatifs, de la sédation, consciente ou profonde, etc.
Avec pédagogie, Françoise Niessen explique clairement les choses a priori les plus embrouillées, donnant aussi de précieuses informations sur les évolutions législatives, pour indiquer tout ce que permet, ou non, la loi de notre pays.
La pédiatre propose aussi une belle réflexion sur la vieillesse qui n’oublie pas une dimension biblique. Elle joint en final les deux bouts de la chaîne de la vie pour évoquer dans un ultime chapitre des situations toujours très douloureuses où « les questions de fin de vie surviennent à la naissance ».
Le bien de la personne avant tout
L’intérêt majeur de l’ouvrage est d’expliquer aussi les prises de position de l’Église catholique sur ces questions éthiques. Le bien de la personne est toujours premier. Par exemple, face à un grand malade en fin de vie, « la première priorité » est « la prise en considération de sa souffrance dans toutes ses dimensions ».
L’Église est aussi très attentive à ce que le corps humain ne soit jamais instrumentalisé, d’une manière ou d’une autre. Si cette exigence est rappelée, c’est qu’elle est loin d’aller de soi aujourd’hui chez tous, y compris chez certains soignants.
Engager un travail de discernement
Les auteurs rappellent aussi de manière opportune, que l’Église catholique, contrairement à ce que l’on peut parfois croire, ne fait pas de la défense de la vie un principe intangible quels qu’en soient les moyens mais prône plutôt (et cela depuis Pie XII !) un « usage proportionné des moyens thérapeutiques », la question portant alors bien sûr sur la définition du « soin raisonnable et humain qui n’implique aucunement l’obligation de maintenir la vie à tout prix », loin de tout « acharnement thérapeutique ».
On voit bien là que les connaissances scientifiques les plus pointues ne suffisent plus et qu’il est nécessaire d’engager un travail de discernement toujours plus fin, où les repères donnés par le magistère de l’Église peuvent alors apparaître comme des aides précieuses !
Voilà donc un livre vraiment utile à tous les catholiques mais, plus largement, à tous ceux qui s’interrogent sur l’avenir de la bioéthique dans une société de plus en plus technicienne mais manquant parfois cruellement de points de repère.
> Source : La Croix
> Approfondir : L’Église encourage la recherche sur les cellules souches adultes (Interview du P. Patrick Verspieren sur Radio Vatican)
Article publié le 4 mai 2016