Retour sur la journée « foi et numérique » à la Conférence des Évêques de France
Le 10 décembre 2022, la Conférence des évêques de France organisait une journée sur le thème « foi et numérique ». Pierre Alexandre Collomb sj, rédacteur sur le blog Jez Talk, revient sur cette rencontre.
Discuter du lien entre foi et numérique, un sujet compliqué ? C’était pourtant le thème de la rencontre organisée par le service famille et société dirigé par le P. Grégoire Catta sj. Claire Degueil et Caroline Lambert du cabinet Syn’occo, animaient cette rencontre grâce à une pédagogie créative.
Le public témoignait du caractère ecclésial de l’événement : des personnes issues de mouvements aussi variés que le Secours Catholique, le Mouvement Chrétien des Cadres, les Associations Familiales Catholiques, la communauté de l’Emmanuel ou encore une bonne poignée de jésuites ! L’intérêt de discuter des rapports entre foi et numérique était notamment issu de cette variété, celui d’entrer dans une compréhension plus large de cette question, au-delà des sensibilités personnelles. Alors que je porte un regard très positif sur le numérique, il m’a été profitable d’entendre les problèmes qu’il pose dans un contexte familial, professionnel, ainsi que du point de vue de la fracture numérique pour les plus pauvres. C’est là que la pédagogie de Syn’occo était aidante : partir de notre diversité pour réfléchir sur ce thème en multipliant les points de vue : intuitif, factuel, optimiste, critique, conceptuel ou encore créatif. C’était une excellente méthode pour nous mettre en chemin et élargir ensemble notre réflexion, bref, une démarche synodale !
Dans un second temps, Thierry Magnin, théologien et recteur délégué aux humanités de l’Université de Lille, nous a partagé ses convictions en tant que « technophile vigilant » sur l’anthropologie chrétienne et la transition numérique[1]. La technique s’inscrit dans la mission de cultiver la terre, elle doit être au service du renforcement de l’alliance entre être humain et création. L’anthropologie chrétienne corps-âme-esprit nous rappelle que ce qui fait l’humain est l’intrication de la chair, des affects, des différentes formes d’intelligence et de la fine pointe de l’âme. Cette anthropologie tripartite est une bonne toile de fond pour situer le rapport homme-machine. Tout ne se réduit pas à de l’information modélisable par du numérique. En régime chrétien, on ne cherche pas tant la perfection de l’humain que son accomplissement.
Dans l’après-midi, un forum ouvert a pris place, où chacun pouvait animer un atelier autour d’une thématique qui lui tenait à cœur. Cela allait des outils numériques au service de l’Église à une réflexion sur la manière de s’exprimer sur les réseaux sociaux. Une relecture concluait la journée, accompagnée d’un exercice visant à chercher le « prochain pas » au terme de cette rencontre.
Je suis parti avec la conviction qu’une réflexion devait avoir lieu sur une manière ignatienne d’annoncer l’Évangile sur les réseaux sociaux, en tenant compte du fait que le numérique, en tant qu’outil, affecte le message tout autant que celui qui l’émet. A l’image de cette journée, cette réflexion ne pourra faire l’économie d’une forme synodale car « seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin » !
Pierre Alexandre Collomb sj (communauté Paris – Assas)
[1] Voir notamment Thierry MAGNIN, « La mesure humaine dans le post et le transhumanisme », Revue d’éthique et de théologie morale, 2019/03, pp. 53-68, https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2019-3-page-53.htm
Pour aller plus loin :
- En savoir plus sur les missions des jésuites dans le numériques.
- Découvrir le blog Jez Talk, qui partage le regard de jeunes jésuites sur l’actualité.
- Découvrir le Service national famille et société (SNFS).
- Crédits photos : Syn’occo.
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Article publié le 24 janvier 2023