Deo gratias ! Le samedi 23 octobre 2021, quatre novices jésuites ont prononcé leurs premiers vœux, de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, à la chapelle des frères hospitaliers, située à Paris. Mathieu Flourens sj, un de leur compagnon jésuite de la communauté jésuite Saint Pierre Favre – Blomet, revient sur ce moment unique. 

Dans la joie et la simplicité

A peu de choses près, tout a commencé la veille au soir quand des jésuites fraichement rénovés dans leurs vœux se sont retrouvés pour préparer l’apéritif du lendemain. La chaleur fraternelle présidait au travail, celui qui nous rassemble à la fraction du pain, dans nos cœurs, nos mains, nos paroles, nos sourires, était présent.

Au matin du jour suivant ce fut, encore une fois, la répétition des chants puis, peu à peu, l’aménagement de la maison : tables, couverts, décoration. Dans l’entrée trônaient les mots : « Félicitations ».

Vers 16 heure, nous avons convergés vers la chapelle des frères hospitaliers, située à Paris : les amis, la famille, les compagnons arrivaient. La messe fut simple, profonde et belle. Les quatre nouveaux jésuites avaient choisi la parabole du jeune homme riche. Le regard du Christ est puissance et vie, nous dit le P. Christophe Kerhardy sj, supérieur de la communauté de Blomet, dans l’homélie, osez donc vous nourrir de Lui. La vie éternelle est au bout du chemin et quand vous trébucherez, sachez qu’Il n’est pas loin. Voici donc ce qu’il nous dit :

Les vœux des novices sont professés à genoux devant le Saint Sacrement.

« Cher Marco, Matthieu, Pierre et Samuel, l’appel du Christ est radical, vous l’avez longuement médité, et vos familles l’ont perçu à leur manière, car lorsque vous, vous étiez au noviciat, elles, elles étaient sans vous, se demandant peut-être où a-t-il mis les pieds ? En vérité vous avez mis vos pieds et vos pas sur le chemin de la vie.

Pour suivre Jésus sur ce chemin-là, vous allez faire vœu de pauvreté, chasteté et obéissance ; on pourra bien vous dire : franchement, ce n’est pas trop tendance – ne vous attendez pas à être applaudis – mais laissez votre cœur parler, vivez ce choix dans la paix. Vous connaissez les règles du discernement, vous savez que la paix est la signature de Dieu.

Cette paix jaillit d’un regard d’amour.

Voyez l’intensité du regard de Jésus qui regarde l’homme qui est à genoux devant lui : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. »

Le Seigneur vous regarde pareillement. »

Les quatre votants : Matthieu, Samuel, Marc-Olivier et Pierre, en compagnie du P. Christophe Kerhardy sj, leur supérieur.

Les mots profonds qu’il prononça guidèrent notre prière. Les voix qui s’approchèrent au moment de leurs vœux était simples et sereines.

Le temps qui suivit fut celui de l’accueil. Les familles d’hier et celles de demain, les compagnons, se rassemblèrent dans une atmosphère heureuse qui montait des cœurs, débordait des lèvres. La soirée s’acheva dans le partage et la fraternité.

Au soir d’une telle journée, on s’étonne de la simplicité, du courage de ceux qui se sont engagés, et l’on se prend à penser : « Vraiment, la vie de consacré est une belle vocation du baptisé ».

Mathieu Flourens sj

Communauté jésuite Saint Pierre Favre – Blomet – Paris XVème

A quoi correspondent ces « premiers vœux » dans la formation d’un jésuite ?

A l’issue du noviciat, le jeune jésuite est envoyé au Centre Sèvres à Paris pour entamer sa formation philosophique et théologique. Peu après son arrivée, il prononce une première fois ses vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. En outre, il promet d’entrer dans la Compagnie de Jésus – ce qui sera effectivement le cas, le jour de ses derniers vœux, tout à la fin de sa formation.

Par ses premiers vœux, le novice, devient « scolastique », autrement dit « étudiant ». Le premier cycle d’études à Paris est la deuxième étape de l’intégration progressive à la Compagnie : certes fortement marqué par les études de philosophie et de théologie, ce temps de formation ne se réduit pas à celles-ci. Le scolastique entre dans une « expérience » dont les dimensions sont tout à la fois intellectuelle, apostolique, et religieuse. La spiritualité ignatienne, qui propose de trouver et chercher Dieu dans sa vie, lui permet d’avancer. Il découvre peu à peu qu’en choisissant de suivre le Christ, sa liberté grandit.

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