Saint Paul Denn

Le P. Paul Denn a été massacré avec son compagnon jésuite le P. Léon Mangin en 1900 au village de Wuyi en Chine, pendant la rébellion des « Boxers », tandis qu’ils priaient tous les deux dans la chapelle de leur village alors que celui-ci était déjà tombé aux mains de l’ennemi. Les Boxers étaient une société secrète chinoise qui lança une persécution des catholiques en 1898. On estime à 30.000 le nombre de morts par cette persécution.

Léon Mangin martyrs chine

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Le 3 octobre 2000, étaient canonisés par Jean-Paul II à Rome cinquante-six martyrs morts en 1900, victimes de la révolte des « Boxers ».

Le premier nom de la liste est celui du P. Léon Mangin, né à Verny (au diocèse de Metz), le 31 juillet 1857. Arrivé en Chine en 1882, il est d’abord curé de la section de Ho-Kien-Fou, puis de celle de King-Tchéou dont faisait partie Tchou-Kia-Ho, où il meurt martyr. C’est en effet dans l’église de ce village que, le 20 juillet 1900, les bandes de « Boxers », aidés par l’armée régulière, massacrent les chrétiens, qui, pour se défendre, s’y sont réfugiés sous la conduite de leur curé et de son adjoint au village voisin de Koutcheng, le P. Paul Denn (arrivé en Chine en 1882). Un mois auparavant, le 20 juin, au village de Ou-Y les Pères Rémi Isoré, né à Bambecque (région de Lille) le 22 juillet 1852, et Modeste Andlauer, né à Rosheim (région de Strasbourg) en 1847, ont été massacré et leurs têtes suspendues aux remparts de la ville.

Note : la Province d’Europe occidentale francophone fait la mémoire de ces jésuites martyrs le 9 juillet, selon le calendrier propre de la Compagnie de Jésus.

Biographie détaillée

Saint Paul Denn Paul est un enfant du Nord, né à Wazemmes, devenu aujourd’hui un faubourg de Lille. Son père, qui est percepteur, meurt du choléra et sa mère doit élever seule ses cinq enfants. De tempérament impétueux, exubérant, il pense très jeune aux missions : « Quand je serai grand, j’irai en Chine et je baptiserai les petits Chinois. » En attendant, pour gagner sa vie, il est employé de banque, tout en étant très engagé dans des Œuvres de jeunesse, patronage ou association pieuse ; il en fonde même une, à vingt ans, avec quelques amis, pour les jeunes ouvriers et employés de Lille.

Mais il pense au sacerdoce. Comme il n’a pas fait d’études, il entre à la toute jeune Ecole apostolique d’Amiens et, à vingt-deux ans, il se met au latin : c’ést le temps de la Guerre de 70 et de la Commune. Ayant justement reçu, un jour, des reliques des cinq jésuites victimes de la Commune, il les envoie à sa mère avec cette réflexion : « Voici cinq belles roses toute rouges de sang versé pour Jésus-Christ. Il y a un sixième médaillon qui est vide. Pourquoi ne serait-il pas pour moi ? »

Il entre enfin au noviciat de Saint-Acheul en juillet 1872, et quelques semaines plus tard, il s’embarque pour la Chine. C’est à nouveau des études, de chinois et de théologie, et en 1880 il est ordonné prêtre et œuvre pour une vie de missionnaire exactement taillée pour lui : prêcher, catéchiser, recueillir des enfants abandonnés, visiter ses paroisses : de quoi remplir sa vie pendant 20 ans.

Un mois après l’attaque de Ou-i, le 20 juillet 1900, Paul Denn et Léon-Ignace Mangin, doyen de King-Tcheou, sont massacrés tout comme cinquante-deux chrétiens chinois lors de la révolte des Boxers. Ces chrétiens ont entre 9 et 79 ans.

Leur procès de vue de béatification est ouvert de 1928 à 1933 par Mgr Lécroart en Chine. Avec trois autres jésuites, Modeste Andlauer (1847-1900), Léon-Ignace Mangin (1847-1900) et Rémy Isoré (1852-1900), Paul Denn est béatifié le 17 avril 1955 à Rome par le pape Pie XII et canonisé parmi cent-vingt martyrs de Chine le  à Rome par le pape Jean-Paul II.

Dernière lettre du P. Paul Denn, à son neveu, M. Paul Duvocelle

Koutcheng, 20 juin 1900

Non, tant s’en faut, tout danger n’est pas encore passé. Au contraire la fureur des I Ho Kiuan ne fait que grandir tous les jours. Leurs succès que n’entravent nullement les Impériaux, par ordre secret impassibles spectateurs des pillages, incendies et massacres, augmentent leur audace. Ce que l’on prévoyait l’année dernière est arrivé : les bandes dispersées se sont groupées, et leur nombre défie désormais toute résistance.

A Pékin même, ils ont détruit déjà 4 temples protestants, et une belle Eglise catholique. Tout ce qui est Européen, même les marchandises, est détruit : c’est un mot d’ordre.

Les premières victimes seront évidemment les missionnaires dispersés chacun dans son district. Mais les pauvres talus en terre de la Résidence centrale où se trouvent nos oeuvres, (collège, Ecole de Vierges, Séminaire), seront un bien faible rempart contre l’irruption de ce fleuve Jaune. Aussi la vie de Monseigneur Bulté, des Supérieurs et autres Pères ou Frères de la Compagnie courent un sérieux danger.

On dit que les puissances Européennes vont faire la guerre à la Chine. Donc toutes les troupes impériales qui simulaient encore nous protéger, vont être rappelées. En dehors du théâtre de la guerre les bandits I Ho Kiuan auront beau jeu.

Adieu, priez et faites prier pour que le bon Dieu nous accorde la grâce du martyre.

Tout à vous en J.M.J. (= en Jésus Marie Joseph)

P. Paul Denn sj

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Article publié le 25 juillet 2016

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