Saint Stanislas Kostka
Né d’une grande famille de Pologne en 1550 à Rostkow, Stanislas s’adonne aux études classiques à Vienne à partir de 1564. Invité par la Vierge à entrer dans la Compagnie de Jésus, afin de prévenir l’opposition de son père, il s’enfuit de chez lui en 1567, parcourant à pied toute l’Allemagne. Arrivé à Rome, il est admis au noviciat par saint François de Borgia. C’est là qu’il meurt le 15 août 1568, parvenu à une haute sainteté. Il est canonisé par Benoît XIII en 1726.
Stanislaw Kostka (1550-1568) n’a été jésuite que pendant une année, mais il est connu pour sa sainteté dès son jeune âge et sa détermination inébranlable de suivre l’appel de Dieu, malgré les obstacles opposés par sa famille.
Il appartient à une famille noble polonaise (son père est le châtelain de Zakroczym et un sénateur du royaume) et il est destiné à occuper un poste de responsabilité publique. En 1564, ses parents l’envoient avec son frère aîné Paul pour étudier au nouveau collège des jésuites à Vienne. Au début, les deux frères demeurent à la résidence des jésuites au collège, mais, ensuite, ils déménagent à la maison du sénateur Kimberker, un luthérien pur et dur, qui ne tolère pas qu’un prêtre entre dans sa maison avec l’Eucharistie. Cela devient un problème quand Stanislaw tombe malade à la mi-décembre 1565. Stanislaw insiste pour recevoir le viatique, mais son frère refuse. Stanislaw prie alors la patronne de la congrégation à laquelle il appartient, Sainte Barbe, de demander à Dieu qu’il puisse recevoir le viatique avant de mourir. Il a alors une expérience mystique de la Saint Vierge lui rendant visite et plaçant l’Enfant Jésus entre ses bras, ce qu’il interpréte comme une invitation à entrer chez les jésuites.
Après cette expérience extraordinaire, le jeune noble guérit et approche le P. Provincial des jésuites à Vienne pour lui demander de devenir jésuite. Celui-ci est d’accord, mais lui dit qu’il ne peut accepter Stanislaw sans l’autorisation de ses parents, qui – il le sait – refuseront. Déterminé, Stanislaw demanda à un autre jésuite, qui lui suggère d’aller à Augsburg en Allemagne et de demander au Provincial là-bas, le P. Pierre Canisius, de l’accepter. Stanislaw décide d’accepter la suggestion et il se glisse hors de Vienne au matin du 10 août 1567. Il a abandonné ses beaux habits et se revêt de la bure du pèlerin, ce qui empêche son frère, qui, en colère, l’a suivi sur la route, de le reconnaître, si pauvrement vêtu.
Stanislaw parcourut les kilomètres jusqu’Augsburg, et marche encore une journée jusqu’à Dillingen, où le P. Canisius s’est rendu. Il lui expose son désir et présente une lettre d’introduction d’un jésuite de Vienne. Le P. Canisius reconnait sa sincérité et ses qualités spirituelles et décide de l’accepter. Il lui donne comme compagnons deux jeunes jésuites qui s’apprêtent à partir pour Rome, qui était plus loin de la Pologne que l’Allemagne, suffisamment loin pour empêcher la famille d’arrêter Stanislaw. A trois, ils quittent l’Allemagne fin septembre, arrivent à Rome le 25 octobre et parviennent à la résidence du P. Général, le P. Francesco Borgia.
Stanislaw remet la lettre du P. Canisius au P. Borgia, qui fait rester le jeune homme au Gesu pour trois mois. Il passe ensuite quelques jours au Collège Romain et se rend ensuite au noviciat de Sant’Andrea. Son noviciat ne dure pas plus de 10 mois. Au début d’août 1568, il a le pressentiment qu’il mourra bientôt. Il tombe malade avec de la fièvre. Comme sa maladie ne semble pas très grave, l’infirmier ne tient aucun compte de son pressentiment. Le 14, août Stanislaw dit à l’infirmier qu’il mourra le lendemain, mais l’infirmier n’en tient pas compte. Plus tard dans l’après-midi son état empire et il perd toute sa force. Il reçoit le viatique et se met à prier avec les novices et d’autres jésuites. Vers 3heures du matin du 15 août, fête de l’Assomption, il annonce que la Vierge Marie s’approche avec des anges pour venir le chercher. Il meurt peu de temps après.
Il est l’un des saints patrons de la jeunesse chrétienne.
> Source : Curie générale des jésuites
> « Saint Stanislas Kostka, douceur et détermination » : article du journal La Croix du 8 novembre 2014
Extraits des Lettres Annuelles du Collège de la Compagnie de Jésus à Vienne et des lettres de saint Pierre Canisius, prêtre et docteur de l’Église
« Jésus et la Compagnie occupaient son cœur jour et nuit. »
Un jeune Polonais, appartenant à une noble famille, mais encore plus noble par sa vertu, a passé deux années entières auprès des Nôtres à Vienne. Cependant, il n’était pas possible de le recevoir sans le consentement de ses parents, non seulement parce qu’il avait été notre pensionnaire et sans discontinuer élève de notre collège, mais aussi pour un certain nombre d’autres raisons (en effet, les Pères se sont engagés à n’accepter dans la Compagnie aucun de leurs pensionnaires sans le consentement de leurs parents) ; aussi a-t-il toujours essuyé un refus. Il y a peu de jours, désespérant d’entrer ici dans la Compagnie, il est parti ailleurs voir s’il lui serait possible de réaliser son désir en un autre lieu.
Il a été un grand exemple de constance et de piété ; aimé de tous, il ne fut à charge à personne ; enfant par l’âge, adulte par la prudence, petit de corps, grand de cœur. Chaque jour, il entendait deux messes ; plus souvent que les autres, il se confessait et recevait le Corps du Christ et priait longuement. Elève de rhétorique, non seulement il égalait, mais dépassait ses condisciples qui, peu de temps avant, lui étaient supérieurs. Jésus et la Compagnie étaient en son cœur jour et nuit ; en pleurant, il pressait les supérieurs de l’y recevoir. Il demandait même une lettre au Légat du Souverain Pontife pour contraindre les Nôtres. Mais ce fut toujours en vain.
C’est pourquoi il décida, malgré ses parents, son frère et toute sa famille, de prendre la route et de chercher par un autre chemin à entrer dans la Compagnie de Jésus. Au cas où cela ne réussirait pas, il prit la résolution de passer toute sa vie sur les routes et, par amour pour le Christ, de mener une vie de pauvreté et d’humiliation. Lorsque les Nôtres eurent connaissance de ses pensées, ils tentèrent de le dissuader et l’encouragèrent à voyager avec son frère qui pensait devoir bientôt partir pour la Pologne ; ils lui dirent que si ses parents voyaient sa constance, ils donneraient peut-être leur consentement à sa requête.
Mais lui demeurait inébranlé, disant qu’il était vain d’espérer cela de ses parents, car ils les connaissait mieux que les autres ; il se devait d’accomplir la promesse qu’il avait faite au Christ. C’est pourquoi, son précepteur et ses confesseurs ne parvenant pas à le faire changer d’avis et de résolution, un matin, après avoir reçu le Corps du Christ, à l’insu de son surveillant et de son frère, disant adieu aux richesses de son patrimoine, il laissa les vêtements qu’il portait à l’école et à la maison ; et s’habillant d’une toile de sac, il prit le bâton à la main et quitta Vienne à la manière d’un jeune paysan pauvre. Dieu seul sait ce qui lui arrivera. Nous espérons cependant qu’un tel départ n’a pas eu lieu sans un secret dessein de Dieu. En effet, il a toujours été d’une telle constance qu’il ne paraît pas avoir agi puérilement, mais mû par une inspiration du ciel.
C’est aussi ce que pensa Pierre Canisius, alors Provincial de Germanie Supérieure. En effet, comme Stanislas était arrivé à Dillingen, il ne tarda pas à l’envoyer à Rome, écrivant au Père Général, François de Borgia, les lignes suivantes : « Celui qui vous apportera cette lettre sous la conduite du Christ vous est envoyé par notre Province. Stanislas est un jeune Polonais, noble, bon et studieux, que nos Pères de Vienne n’ont pas osé recevoir comme novice de peur d’irriter sa famille. Il est venu me trouver dans le but de mettre à exécution le vœu qu’il avait fait depuis longtemps (en effet, il avait fait vœu d’entrer dans la Compagnie quelques années avant d’être admis). J’ai mis sa vocation à l’épreuve, durant quelque temps, dans le pensionnat de Dillingen ; on l’a toujours trouvé fidèle dans ses emplois et ferme dans sa vocation. Il désirait pourtant être envoyé à Rome pour s’éloigner davantage des siens, dont il redoutait les persécutions, et faire de plus grands progrès dans la piété. Jamais, jusqu’ici, il n’a vécu parmi nos novices ; mais on pourra le mettre parmi ceux de Rome pour faire son noviciat. Quant à nous, nous fondons sur lui de grandes espérances. »
> Source : Litt. Ann. Coll. Vindobonensis, 1er sept. 1567 : Arch. Rom. S.J., Epist. Germaniae, 140, ff. 75r-v ; B. Petri Canisii s.j., Epistulae et Acta , ed. Braunsberger s.j., vol. 6, Fribourg-en-Brisgau, 1913, pp. 63-64.