Session annuelle du Ceras : « Violences, symptôme ou système ? »
« Violences, symptôme ou système ? » Tel est le thème de la session de formation 2023 que propose le Ceras, du 30 janvier au 2 février. L’objectif : retrouver du pouvoir d’agir face aux violences, notamment par le dialogue. La session se déroulera en présentiel, au Centre Sèvres. Le P. Marcel Rémon sj, directeur du Ceras, nous présente cette session.
Pouvez-vous contextualiser le thème choisi pour cette session annuelle ?
Il y a un peu plus d’un an, la CIASE a présenté son rapport sur les abus commis dans l’Église. La mise en lumière de ces violences a beaucoup marqué les catholiques et plus largement.
Avec nos partenaires, le Centre Sèvres, le Secours Catholique, le CCFD-Terre Solidaire et le Service national famille et société (CEF), nous avons décidé de travailler sur cette violence faite aux plus petits, qui n’ont pas accès à la parole. Est-ce le symptôme de quelque chose qui ne fonctionne pas dans l’institution ? Est-ce le résultat d’une structure de péché ? Nous nous sommes ensuite ouverts à d’autres réalités de la violence : celles liées aux inégalités sociales, à la crise écologique, à la vie démocratique… Rappelons aussi que la violence est très présente dans le discours médiatique. Au-delà de la perception de la violence, nous désirons nous poser la question de la « réalité » des violences.
Quels types de violences seront abordés ?
Nous avons dû faire des choix. Nous aborderons principalement les violences liées aux inégalités sociales (dans les quartiers, lors des manifestations, à l’école…) ; celles de l’administration par rapport aux personnes exilées (avec le Service jésuite des réfugiés (JRS) notamment). Les procédures étant aujourd’hui de plus en plus informatisées, via des applications, il n’y a plus de contact direct et la parole disparaît. Enfin nous aborderons la violence des abus dans l’Église, la parole étant capitale alors qu’il y a eu un silence pendant tant d’années.
Quel sera le fil rouge de cette session ?
Le fil rouge de cette session de formation vient de notre conviction que la violence est liée à la parole. En effet, s’il y a des violences publiques et visibles, peut-être sont-elles la face émergée de l’iceberg. Nous travaillerons à ouvrir la parole et décrypter ces dynamiques sous-jacentes.
La violence d’abord invisibilisée est rendue visible grâce à la parole. Il s’agit d’explorer des chemins de dépassement de la violence et de restauration d’un pouvoir d’agir individuel et collectif, au service de la justice et du vivre-ensemble.
Pouvez-vous présenter le parcours que fera un participant ?
L’objectif du 1er jour est de donner des informations de base : de quel type de violence parlons-nous ? Y a-t-il plus de violences qu’avant ? Le 2e jour, nous nous mettrons à l’écoute de victimes de violence qui témoigneront. Il s’agira de nommer et d’analyser ces violences. Le 3e jour, nous entrerons dans l’action avec des apports plus théoriques, mais aussi des ateliers et des témoignages d’acteurs. Quels leviers avons-nous pour affronter la violence ? Quelles pistes sont mises en œuvre par des associations, des mouvements, l’Église ?… Le 4e jour, la conférence de clôture et la relecture permettront à chacun de voir comment il est possible d’agir individuellement et collectivement.
Quelle place occuperont les témoignages lors de cette session ?
Au cours de la session, nous écouterons 3 témoignages : celui d’une personne qui a connu la guerre et l’exil de guerre, celui d’une personne victime de maladie liée au travail et celui d’une personne qui a subi du harcèlement scolaire.
De manière plus large et tout au long de la session, nous avons à cœur de sensibiliser les participants à la place centrale que tient l’écoute de la parole des personnes traversées par la violence et de chercher ensemble les conditions concrètes pour le faire.
A qui s’adresse cette session ?
Cette session sur le thème des violences s’adresse au grand public qui désire se former sur la Doctrine sociale de l’Eglise, notamment les étudiants ou salariés d’associations, qui sont confrontés à des violences et qui s’interrogent sur la manière de rendre ce monde moins violent.
Avec quel état d’esprit faut-il venir à cette session ?
Le thème des violences, sur lequel portera cette session de formation 2023, est lié au contexte actuel qui est assez pesant. Toutefois, notre objectif n’est pas d’alourdir les esprits mais bien de permettre aux participants d’imaginer des solutions et de retrouver du pouvoir d’agir. Notre objectif est d’explorer des chemins de dépassement de la violence et de restauration d’un pouvoir d’agir individuel et collectif, au service de la justice et du vivre-ensemble
Pour cette session, nous nous appuierons sur la Doctrine sociale de l’Eglise ainsi que sur l’Encyclique Fratelli tutti (n°169), qui nous invite à rêver à une autre société. Dans cette Encyclique, le pape François invite à reconnaître « le torrent d’énergie morale qui naît de la participation des exclus à la construction d’un avenir commun. » Dans ces « exclus », on pense aussi aux victimes de violences. Dès lors qu’elles participent à « la construction d’un avenir commun », il y a un vrai « torrent d’énergie morale ».
P. Marcel Rémon sj, directeur du Ceras et membre de la communauté jésuite de Saint-Denis La Plaine
Pour aller plus loin :
- Découvrir le programme complet de la session 2023 du Ceras.
- Inscriptions à la session 2023 du Ceras.
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Article publié le 2 février 2023