Si vous vous taisez, il ne restera plus que les pierres pour crier ! – P. Marcel Rémon sj
A l’occasion du rassemblement du collectif œcuménique « Justice et espérance » dans le contexte des élections législatives le dimanche 23 juin 2024, le père Marcel Rémon sj est intervenu à la fin de ce rassemblement chrétien contre l’extrême-droite
Difficile, semble-t-il, de trouver un catholique en responsabilité pour prendre la parole au nom de sa foi, comme si les catholiques n’avaient pas de position claire. Et pourtant, des textes et des prises de position existent à foison. Ils vont, il est vrai, certaines fois, dans des directions orthogonales pour ne pas dire opposées. Personnellement, je conseille toujours de se référer aux textes les plus inattaquables, non pas parce qu’ils me conviennent mais parce qu’ils font autorité. Évidemment, les Évangiles et le nouveau testament viennent en premier. Et pour ce qui est de la politique, la doctrine sociale de l’Église catholique est la source par excellence.
Là encore, je conseille souvent l’encyclique « Caritas in Veritate » du Pape Benoît XVI qui traite en profondeur de la politique. N’hésitez pas à la lire. Je cite :
« Un discernement (…) en vue d’édifier la communauté sociale dans le respect du bien commun s’avère nécessaire, en particulier de la part de ceux qui exercent le pouvoir politique [et donc de chaque électeur]. (…) Ce discernement devra tenir compte de la possibilité d’émancipation et d’intégration dans la perspective d’une communauté humaine vraiment universelle. [Et il termine : une société pour] « Tout l’homme et tous les hommes » (CV, 55)
L’acte politique chrétien est au service, non pas de la défense de privilèges ou de pré carré dans un rapport de force entre classes, groupes ou communautés, mais pour le bien commun, le bien du « nous-tous » écrit Benoît XVI. Ce bien commun a comme nom, selon les papes, la paix, le développement intégral, la, solidarité, la sauvegarde de la planète ou la justice. Ce bien commun est fragile et toujours en danger, on est ici pour le défendre. C’est notre, c’est votre responsabilité ! Face aux structures de péchés qui nous entraînent, quasiment malgré nous, vers un repli sur soi, vers des paroles haineuses, vers des dynamiques d’exclusion, vers des doubles frontières, en fait, vers la mort, œuvrons pour des structures de bien commun, qui construisent une société fraternelle et apaisée. Tout cela est bien concret et pas bisounours pour un sou : défendons l’école, les services auprès des personnes jeunes, précarisées ou âgées, les infrastructures de mobilité durable, les structures de convivialité, etc.
Notre vote doit profiter à tous et à toutes, à ceux et celles d’aujourd’hui, mais aussi aux enfants de demain, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs dans le monde. « Que la graine, aussi petite soit-elle, que vous planterez ce 30 juin devienne l’arbre où s’abriteront les oiseaux du ciel et les amoureux de demain. » Car comme l’écrit l’Évangile de Saint Luc, « si vous vous taisez, il ne restera plus que les pierres pour crier ! » (inspiré de Lc 19,40)
Marcel Rémon sj, directeur du Ceras.
Article publié le 25 juin 2024