« Un joug brisé », par Serge Semur, jésuite au Tchad
Serge Semur est un jésuite français, de la province d’Afrique Occidentale et présent au Tchad depuis une cinquantaine d’années. Il vit avec d’autres jésuites à Mongo, chef-lieu administratif de la province du Guéra, en zone sahélo-soudanienne, à 500 km à l’Est de la capitale du Tchad, N’Djaména.
Comme le faisaient saint Ignace et les premiers jésuites, il envoie depuis son pays de mission des nouvelles à ses compagnons. Nous vous partageons son témoignage.
Mongo, le 18 novembre 2020,
« Je n’ai pas le temps maintenant de fabriquer un nouveau joug, la journée serait perdue mais j’ai une autre solution ! »
La Fédération des banques de céréales du Guéra a offert ainsi à plusieurs milliers de chefs de famille (hommes et femmes) ces formations pratiques en trois journées, sur le terrain, avec de vrais bœufs, ou ânes et chevaux, et les machines nécessaires : charrues, houes Mangas et autres. Cet aspect : travailler non pas dans une salle de classe, bien assis sur son banc, mais dehors, voire en plein soleil, pour prendre toute la mesure concrète des actions à réaliser, c’est le secret de la réussite. Le paysan voit, saisit les mancherons de la charrue, encourage les bœufs et avance…
D’ailleurs il n’est pas question d’avancer seul, ces charrues si utiles pour le labour sont maintenant fabriquées au Guéra par les forgerons. Ces artisans ont appris, eux aussi, à produire les nouveaux équipements et, à l’initiative de notre compagnon, le père Franco Martellozzo, un atelier spécialisé assure une étape essentielle : percer les trous pour le montage sans chauffer les aciers, ce qui leur ferait perdre toute leur qualité de robustesse.
Nous ne rêvons pas d’organiser une nouvelle tribu d’Amish au Tchad car nous ne refusons pas le courant électrique et nos animateurs savent se servir d’un ordinateur ! Mais aujourd’hui, je pourrai dire qu’un autre joug est brisé, celui-là au sens figuré mais tout aussi réel. Nos compagnons le père Saturnin Tsayem, directeur de Foi et Joie, et André Kim Ouedraogo, ont invité les élèves entrant en Seconde (programme classique) à choisir une activité pratique dans un large éventail : de la soudure à la couture. Le rêve du collégien devenant fonctionnaire se fissure ! C’est ainsi que j’ai eu la joie d’accueillir deux collégiens dans l’arboretum, venus apprendre concrètement comment germe une semence d’arbre et comment il grandit.
Portez-vous bien, avec toute mon amitié.
Serge Semur sj
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Article publié le 8 décembre 2020