Roselyne Maizière est une paroissienne de Notre-Dame des Anges à Bordeaux, église confiée par le diocèse aux jésuites depuis 2002. Elle témoigne de la genèse de ce projet et de la fécondité partagée entre tous les paroissiens, pour « Trouver Dieu en toute chose », à la lumière de la spiritualité ignatienne.

paroissienne de Notre-Dame des Anges à Bordeaux Comment oublier ce 2 septembre 2002 où Notre-Dame-des-Anges (NDA), à l’époque seule paroisse en France à être confiée à des jésuites, commençait l’aventure, dans une église à l’assistance clairsemée et aux murs gris ?

Habitant à deux encablures, et par bonheur déjà ignatienne, cette proximité m’appela, après tant d’errance… et en dépit de mon peu d’expérience dans le domaine des responsabilités paroissiales. De plus, nos trois premiers pasteurs étaient eux aussi assez neufs en ce domaine. Comment faire pour donner vie à une paroisse, quelles pierres poser pour, au bout, vraiment aider les âmes ? Des brainstormings prolongés, en vue d’un discernement, ont suivi.

Finalement, nous privilégions la fraternité qui féconde : escapade en autobus vers de hauts lieux ignatiens pour faire famille autour de grandes figures ; fêtes diverses pour les arrivées et départs de nos pasteurs, dont l’évocation des parcours enseigne sur ce qu’est la mission ; rédaction à quatre d’un journal qui crée du lien et fait découvrir des facettes de la spiritualité ignatienne ; soirées d’initiation à la méditation par des laïcs ; premières retraites dans la vie et autres petites expériences missionnaires, telles que partir à deux aux périphéries du diocèse, partager notre approche spirituelle. Bref, on nous fait confiance ! Entre-temps, les grands travaux se sont achevés et une chaleureuse clarté dans l’église fait chanter le bonheur d’être ensemble.

Nous avons vécu tant d’expériences fécondes, avec la Communauté de Vie Chrétienne (CVX), vivier toujours fidèle dont les responsables ont été un réel moteur ! Et un jour, ce fut mûr : les statuts votés, Notre-Dame-des-Anges… enfanta les Chemins Ignatiens en Bordelais ; et chacun, paroisse et réseau, en grande proximité, déploya sa mâture.

Mais le tableau de cette genèse n’est-il pas un peu idyllique ? Certes, il y eut parfois des conflits. Mais aujourd’hui, nous voguons toujours sous ce même Souffle, avec ces maîtres mots : ne pas craindre l’inconnu, dépasser les frontières. Nous sommes ancrés dans la vraie vie, avec ses courants d’air. Les portes s’ouvrent pour accueillir d’autres rassemblements, débats et concerts ; la présence du DUEC (Devenir Un En Christ) permet aux personnes homosexuelles de réfléchir ensemble ; les liturgies dominicales donnent grandement place aux laïcs ; des petits groupes de lecture biblique s’inventent ; les repas partagés où l’on se découvre rassemblent tout autant. Ce double mouvement d’intégration et d’ouverture ne cesse de me séduire, me renvoyant à ces mots : « Trouver Dieu en toute chose ».

« Dieu se dit dans l’histoire » avait écrit le P. Henri de Lubac sj. Notre histoire semble joyeusement le confirmer !

Roselyne Maizière,
paroissienne de Notre-Dame des Anges à Bordeaux

Églises et chapelles, des jésuites en mission : dossier

Dans notre Province, les jésuites sont bien présents et impliqués dans l’apostolat spirituel en paroisses, chapelles ou sanctuaires, même si cette mission est sans doute moins connue que d’autres ministères. Ce sont autant de lieux pour faire entendre la petite musique ignatienne, ouverts à tous, nourris des Exercices spirituels, où la synodalité est mise en avant. Quelle est leur manière de faire ? Qu’est-ce qui fait de ces lieux d’engagement des missions résolument jésuites ?
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