Vivre la simplicité à Pied Barret
Accroché aux pentes du plateau ardéchois, le hameau de Pied Barret accueille chaque été et pendant les vacances scolaires des familles et des jeunes de 18 à 30 ans. Les jésuites Claude Flipo et Louis Toison et les laïcs qui ont acquis en 1985 ce site abandonné ont formulé trois voeux pour ce lieu et les personnes qui y font halte : se construire humainement par l’amitié, le partage et le service, se construire spirituellement par la réflexion, la prière et les célébrations, et enfin reconstruire le hameau par le travail manuel. « À Pied Barret, la simplicité apporte la joie », témoigne Michel Joseph, jésuite et responsable du site.
Georges commençait à s’énerver. Emma avait du mal à calmer les enfants, pourtant enthousiastes mais fatigués par le long voyage. Alors que tout semblait indiquer qu’on approchait du but, le GPS de la voiture s’est mis à ignorer le hameau de Pied Barret. On raconte qu’une famille a dû fixer les chaînes d’hiver au camping-car pour franchir, en plein été, les derniers mètres de la piste empierrée ! Finalement, des panneaux, de confection artisanale, conduisirent la famille à destination. Des sourires accueillants et un verre d’eau fraîche à l’arrivée – mais comment diable arrivent-ils à avoir de l’eau fraîche par cette chaleur ? – apaisèrent les fatigues du voyage.
Retrouver l’essentiel
Depuis 30 ans, les séjours à Pied Barret murmurent aux oreilles des participants la même chanson : celle d’une vie simple qui aide à retrouver l’essentiel. « Toutes les choses créées sur la terre sont là pour aider l’homme à poursuivre sa fin… », écrivait Ignace. Beauté du lieu à l’allure de bout du monde, pierres des maisons assemblées par la main des occupants depuis le 18e siècle, aménagement des sources, voisins heureux de notre présence : cette composition de lieu, reçue et accueillie, aide à entrer dans l’expérience. Mais quelle expérience ? Celle de la simplicité de vie et des échanges. Conditions de vie modestes, en petit dortoir familial ou sous tente, lancement de la journée tous ensemble avec les enfants, travaux de bricolage selon les compétences de chacun, cuisine en partie alimentée par le magasin bio du village voisin, repas à l’ombre, célébrations en fin de journée et partage entre parents et l’animateur (souvent jésuite), messes dominicales avec les gens du pays dans leur belle église, promenade sur le causse a la vue merveilleuse : tout cela n’a rien d’original…
Faire confiance
Cependant, la magie de la confiance, de la chapelle et de la prière fait son chemin dans les cœurs des petits et des grands. Le séjour à Pied Barret s’apparente aux Exercices spirituels. Ici, on fait des exercices. On se met en situation. Nos repères habituels de société « d’hommes et de femmes branchés » laissent place à une grande confiance. Il y a des choses qu’on n’entend bien qu’au désert. Un jour, à la suite d’un temps de relecture en groupe et d’un long temps de silence, en fin de journée, un jeune nous dit : « c’est dur, le silence ! – Pourquoi, lui demandai-je ? – Parce qu’après le silence, on ne peut pas dire n’importe quoi ! – Ah, pourquoi ? – Parce qu’on est alors écouté ! ».
Trouver le chemin par la simplicité
Souvent, nous sommes interrogés sur l’avenir de ce hameau. Le présent et l’actualité répondent à la question : accueillir l’austérité et la beauté des lieux et de l’histoire des hommes, prendre conscience de la valeur de l’eau – « si chaste, si pure » –, se prévenir des dégâts de l’homme – le feu est l’ennemi –, garder la modestie des moyens – finances légères, bénévolats, équipe de responsables –, servir ensemble, se dire nos espoirs et nos craintes et offrir tout cela dans la prière. Avec nos cousins et frères aînés de La Viale, voisins de Lozère, nous rejoignons ainsi le peuple heureux de ceux qui croient a la simplicité et qui, de cette façon, trouvent leur chemin.
Michel Joseph sj
Responsable du site de Pied Barret
« Prendre son bâton avec le pèlerin » : un séjour au fil des pages du Récit.
La journée commence par une histoire contée : petits et grands écoutent… Chaque jour, nous nous arrêtons dans une ville traversée par Ignace, le Pèlerin. Tous les âges vivent le thème de la journée à travers leurs activités : à Manrèse, les ados découvrent la comédie musicale Jésus ; vers Jérusalem, nous prenons notre bâton pour marcher et célébrer la messe en dehors du hameau ; à Paris, les plus petits ont attaché les bâtons pour construire un pont solide… Un texte biblique vient aussi nourrir la méditation quotidienne. Ensemble, dans la vie communautaire et la vie du chantier, nous cheminons au cœur de la spiritualité offerte par Ignace et de son expérience avec Dieu. Intemporelles et riches, les questions posées offrent de beaux temps de partages et d’échanges. Dans nos quotidiens précipités, chargés ou pressés, ces semaines offrent l’occasion de prendre le temps d’être ensemble. Et les enfants ne s’y trompent pas : ils réclament de revenir ! Il y a quelque chose de simple et d’authentique dans ce séjour : une expérience de liberté que chaque âge goûte a sa mesure. Comme parents, c’est aussi la joie de vivre un temps de foi, qui apporte du bonheur aux enfants et nous aide a leur transmettre l’envie de croire. Expérimenter l’amitié spontanée née d’un temps assez court mais d’un essentiel partagé, voila une expérience qui parle aussi d’elle-même.
Amélie et Étienne et leurs cinq enfants
En savoir +
- Sur les propositions de l’été 2024 :
- Du 13 au 27 juillet : camp du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ)
- Du 27 juillet au 3 août : camp pour les familles
- Du 3 au 10 août : camp pour les familles
- Du 10 au 17 août : camp pour les familles
- Du 17 au 24 août : camp pour les familles
- Voir toutes les propositions de Pied Barret sur le site internet
- Vidéo et témoignage sur notre site web
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2019), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.
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Article publié le 12 février 2024