La vocation religieuse : entendre l’appel à une vie heureuse
Comment entendre et répondre à l’appel à la vie religieuse ? Derrière une vocation, il y a toujours un homme, désireux d’ouvrir, avec un cœur large et généreux, un chemin de joie et de bonheur. Le P. Grégoire Le Bel, responsable du service jésuite des vocations, nous en partage quelques aspects en partant de son propre itinéraire.
Il y a un peu moins de vingt ans, j’ai eu la délicate tâche d’annoncer à mes parents que j’entrais chez les jésuites. Je peux vous assurer que c’est un moment unique. Cela doit sans doute ressembler au moment où l’on présente son ou sa fiancé(e) à ses parents : ça passe ou ça casse. « Si c’est Dieu qui le veut, c’est que c’est bien ! » fut la réponse, plutôt accueillante, de mon père. « Mais tu n’auras pas d’enfants ! », répondit ma mère en séchant quelques larmes. Plus tard, elle m’a raconté avoir croisé une connaissance qui se réjouissait que j’entre « dans les ordres ». Ce à quoi elle a répondu : « On voit que ce n’est pas le vôtre ! »
Et oui, l’autoroute, tout le monde est pour, sauf quand ça passe dans son jardin ! Pourquoi vous raconter cela ? Tout simplement parce que, derrière chaque vocation religieuse, il y a tout un imaginaire, qui fait que beaucoup peinent à croire que ce chemin, choisi librement, dessine une vie joyeuse et heureuse. En tout cas, grande est la méfiance…
Un chemin de vie joyeuse et heureuse, la vocation ? Oui ! Des sommets vertigineux, des paysages à couper le souffle, des vagues rugissantes, dans lesquels il faut entrer pleinement, totalement, avec un cœur large et généreux. Il en va de même dans chaque engagement. On ne tombe pas amoureux à moitié. On ne rejoint pas non plus la Compagnie de Jésus à mi-temps. C’est une vie, dans toutes ses dimensions, qui se présente au seuil de ce choix : une histoire, un corps apostolique, des désirs.
Comment arrive-t-on à franchir le pas ? À oser pousser la porte ? Il n’y a pas d’itinéraire tout tracé ni de recette magique. Chaque jésuite aura une version unique et personnelle à vous raconter. Si vous en connaissez un, interrogez-le ! C’est un chemin avec le Seigneur, une histoire d’amour, de cœur à cœur, de confiance donnée, reconnue et offerte. Pour ma part, ce fut la découverte de la spiritualité ignatienne à l’occasion d’une retraite de choix de vie dans un Centre spirituel et, notamment, la contemplation du Christ dans les Écritures : elle m’a fait entrer les yeux presque fermés dans la Compagnie de Jésus. Je ne connaissais aucun jésuite ; je ne savais pas vraiment ce qu’ils faisaient, ni combien ils étaient ; j’avais pourtant une certitude : ma place était à leurs côtés. Je vibrais à l’unisson avec ces hommes.
Écouter l’Esprit
Depuis quelques années m’est confiée la responsabilité du service jésuite des vocations. Mon rôle est d’abord de faire en sorte que chaque jésuite puisse témoigner par sa vie, son travail apostolique et sa vie communautaire que notre vocation vaut la peine d’être vécue. Plus largement, chaque jésuite est au service de toute vocation, notamment à travers l’accompagnement spirituel. On ne met pas la main sur une vocation : on la contemple, on lui donne des outils et une oreille attentive pour se déployer, s’exprimer et se découvrir. Cela passe aussi par un ensemble de propositions comme l’Année Déclic (Réseau Magis) ou les parcours de la Maison Magis, par les semaines jésuites dans les établissements scolaires ou une aide à la prière comme Prie en Chemin, par un temps de volontariat avec Inigo Volontariat ou encore une présence dans une aumônerie… Enfin, pour nous donner davantage de visibilité, avec le service communication de la Province, nous essayons de présenter divers aspects de la vocation de jésuites par des vidéos, des dépliants et une présence dans le monde numérique.
Le service jésuite des vocations n’est donc pas la responsabilité d’un homme, mais de tous les jésuites, et de celles et ceux avec qui ils partagent la mission à la suite du Christ. C’est une présence gratuite, disponible et inventive, car le vent de l’Esprit souffle où il veut et quand il veut…
Mais revenons à mes parents : aujourd’hui, ils se réjouissent de mon choix et me disent « Tu es heureux. » En fait, derrière cette expression, j’entends « Tu es à ta place. » Dans ma mission, j’ai à cœur, moi aussi, d’aider des hommes et des femmes à trouver leur place à la suite du Christ. À ceux qui hésiteraient, je réponds que les défis ne manquent pas : la mission appelle largement les ouvriers pour la moisson.
Grégoire Le Bel sj
Supérieur de la communauté de Saint-Denis – La Plaine
et responsable du service jésuite des vocations
Entendre l’appel – Témoignages
J’ai rencontré des jésuites pour la première fois en école d’ingénieurs. En trois ans, vont se succéder trois aumôniers jésuites, trois hommes extrêmement différents, pourtant unis par la même tradition spirituelle. À leur contact, je me suis dit que la Compagnie de Jésus était un lieu où j’allais pouvoir déployer toute ma personnalité au service de Dieu en restant pleinement moi-même ! Étienne
Dimanche de Pâques 2016, dans le train qui me ramenait d’Espagne, je songeais, épuisé et heureux, à la Semaine sainte en Castille que je venais de vivre et qui m’avait ouvert le cœur. Dans mon compartiment, sur un petit écran en hauteur, passait un biopic sur le pape François. Je regardai et je décidai : cet homme me plaît, je veux faire comme lui. Le lendemain (ou presque), j’écrivais à un jésuite, ami de mes grands-parents. Théophile
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Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe occidentale francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.