« Votre rédemption approche » : méditation du 1er dimanche de l’Avent par le P. Jean-Bruno Durand sj
Depuis l’église Saint-Ignace à Paris, Jean-Bruno Durand sj partage sa méditation du 1er dimanche de l’Avent.
1. « Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire » nous promet Jésus dans l’évangile.
Mais attendons-nous le retour du Christ ? Le désirons-nous vraiment, de tout notre cœur ?
Tout à l’heure, avec le credo de Nicée, nous proclamerons qu’il « reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts » et que « son règne n’aura pas de fin. »
Avons-nous suffisamment de foi et d’espérance pour entendre cela, pour y croire pleinement ?
2. Il y a bien des obstacles qui nous empêchent de vivre complètement cette foi et cette espérance. D’abord, il est difficile de se représenter cette venue du Christ, de se faire une image de ce retour glorieux. Paradoxalement, il y a à la fois trop d’images et trop peu. Et des images incertaines, ambiguës…
Trop d’images. Trop d’images quand celles-ci disent la fin des temps, la fin de notre monde. Des images terribles : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde… » Un ébranlement de tout. Un basculement de toutes choses. L’annonce de la disparition du monde ancien avant qu’advienne le monde nouveau.
Ces images, ces mots, ce langage surprennent et dérangent. Serait-ce un langage exagéré, un imaginaire fou ? Ces images sombres disent pourtant, en grossissant le trait, ce que vit notre humanité. Elles redisent les injustices, les violences, les guerres. Elles redisent les catastrophes, les destructions… Et pas seulement dans le passé ou ailleurs ! Nous le savons, par la folie et l’insouciance des hommes, c’est maintenant l’avenir même de la terre qui est menacé.
3. Oui, il est difficile d’espérer. D’espérer un peu plus de justice et de paix en notre monde. Et plus difficile encore d’espérer une paix pour toujours, une justice et une réconciliation définitives. Un salut pour l’humanité entière, pour la terre, un salut qui fasse sens pour l’univers.
Le Salut de Dieu, la rédemption promise et qui approche, c’est cela qui importe. Mais nous ne pouvons pas nous le représenter, nous ne pouvons pas l’imaginer. Pouvons-nous même croire et imaginer un salut après tant d’horreurs au cours de l’histoire ? Le bien peut-il triompher du mal, et réparer ce qui semble à jamais cassé, détruit ? Peut-on réparer notre humanité ?
Et puis, en Occident, beaucoup semblent ne plus croire en Dieu ou au Christ. Dans ce monde sécularisé, notre foi est mise à l’épreuve. Les seuls dieux qui vaillent seraient-ils ceux des technologies, des journaux et des modes ?
4. Pourtant, nous sommes invités à la foi.
Une foi radicale, nue. Une foi s’appuyant sur la Promesse de Dieu.
Même quand « les puissances des cieux seront ébranlées », même quand toute lumière semblera manquer, même quand les forces de mort sembleront triompher, nous sommes invités à l’espérance et à la foi. « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » nous demande Jésus en ce jour. Et il ajoute : « Restez éveillés et priez en tout temps ».
Frères et sœurs, nous sommes invités à la foi – dans l’ordinaire des jours, et même quand c’est la nuit. Nous sommes invités à l’espérance – dans l’ordinaire des jours, et même quand viennent le doute ou le désespoir. Nous sommes invités à veiller, à prier, à agir, et à le faire pour toute notre terre.
5. Nous proclamerons dans un instant : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ».
Le Salut que nous espérons porte un nom, c’est Jésus, c’est le Christ. Il est la libération que nous espérons, il est la paix que nous attendons. C’est lui qui est la lumière née de la lumière, et il vient illuminer notre nuit « pour nous les hommes et pour notre salut ».
6. Attendons-nous vraiment le retour du Christ, le désirons-nous de tout notre cœur ?
Pour nous guider vers ce retour, pour nous aider à le désirer pleinement, la liturgie de l’Avent nous propose un chemin. Un chemin très simple. Un chemin très humble. Un chemin pour apprendre à aimer. C’est le chemin du Christ lui-même.
La venue du Seigneur, l’advenue de son règne commencent très simplement, très humblement. « Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. » Le commencement est surprenant, très limité, presque imperceptible, quelques cellules dans le sein de Marie, à Nazareth. Puis ce sera un lieu pauvre et perdu, un lieu apparemment insignifiant et dérisoire, une crèche, une mangeoire, à Bethléem.
Le Très-Haut, l’au-delà de tout, l’ineffable, celui que ni le ciel ni la terre ne peuvent contenir, s’est fait tout petit, le pauvre petit enfant de Bethléem. C’est devant la crèche, devant sa pauvreté et son humilité, que nous pourrons nous préparer à accueillir celui qui est venu, celui qui reviendra.
Alors, frères et sœurs, demandons un cœur d’enfant pour accueillir l’enfant de Bethléem, demandons un regard d’enfant pour nous émerveiller des merveilles de Dieu, demandons la tendresse des enfants pour rejoindre la tendresse de Dieu.
Déjà le prophète l’annonce : « Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur… En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. » (Jr 33, 14-15).
Jean-Bruno Durand, sj
> Source: église Saint-Ignace à Paris
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Article publié le 27 novembre 2021